Revenu d’Irlande (où le temps était beau, si si c’est possible!), je travaillais à la relecture d’une nouvelle version d’un document d’une confrère sur la dyslexie, domaine qui m’intéresse depuis quelques temps.
Et puis hasard des rencontres, j’ai revu une amie enseignante que je n’avais pas revu depuis 6 mois, et voilà qu’elle me présente une association qu’elle présidera . C’est une antenne d’une nouvelle association nationale, son nom : API. Son but? Contrer l’innumérisme.
Avant d’aller plus loin intéressons-nous à la dyscalculie puis au concept de l’innumérisme, un néologisme qui mérite qu’on s’y arrête.
La dyscalculie
La dyscalculie est un handicap qui chez l’individu provoque des difficultés de représentation mathématique (organisation de tableau, confusion des symboles, abstraction du mécanisme opératoire …). Cet handicap peut parfois être lié à un handicap voisin, la dyspraxie ou la dyslexie.
Chez les dys, on parle parfois de terrain génétique, il y aurait une sorte d’hérédité ( il est courant que des fratries soient dys), et malheureusement en conséquence une fatalité dans le diagnostique.
Tu es dyscalculique, tu auras « toujours » des difficultés à remplir un tableau…
En tant qu’enseignant, dans ce cas, on doit accompagner les élèves et leur fournir des outils pour justement palier ces difficultés :
- Utilisation de la calculatrice
- Tableau coloré
Il s’agit donc de l’acceptation de la difficulté et on contre-carre l’obstacle pour ne pas empêcher les autres apprentissages futurs.
Il suffit de donner des lunettes à un mal-voyant, ici, on donne des outils à nos dys.
Voyons maintenant ce qu’est l’innumérisme.
L’innumérisme
Si je devais résumer l’innumérisme, je dirais que c’est tout sauf de la dyscalculie. Je reprendrais les propos de l’Éducation Nationale :
L’innumérisme est à la maîtrise des nombres, du raisonnement et du calcul ce qu’
est l’illettrisme à la maîtrise de la langue.
Ici, l’innumérisme est donc essentiellement un défaut d’apprentissage, plus de fatalité, on peut faire évoluer la situation.
Michel Vigier explique que seulement 1% des élèves alors que 10% souffrent de gros problèmes en mathématiques. Les 9% non concernés par la dyscalculie souffrent de l’innumérisme.
Michel Vigier propose une explication intéressante des défauts des (cours de) maths.
En faisant le parallèle avec l’histoire des maths, on s’aperçoit qu’au début on associait à un symbole, la quantité.
- marque sur un bâton (bâtons d’Ishango)
- Petite pierre dans un corps argileux (sumérien)
- Chiffres Romains
- Hiéroglyphe
Et puis les mathématiques ont évolué, les chiffres arabes (venus d’Inde) ont conquis l’Europe (Merci Fibonacci!).
Avec ces chiffres, un problème de taille est apparu, à un symbole, on n’associe plus une quantité, la position de celui-ci entre en jeu.
Bien entendu, ce fût un apport considérable puisque seulement 10 symboles permettent d’écrire tous les nombres, mais le positionnement est un processus d’abstraction qui génère des difficultés
Il n’y a plus d’équivalence entre un symbole et une quantité.
Les enfants en difficulté n’ont donc pas le sens de la notion de chiffres, ils l’y associent plus facilement à un nombre.
Caricaturalement : 21 et 12 c’est pareil car il y a un 1 et un 2.
Pour retrouver du « sens » , on peut se doter d’outils comme le boulier.
Le boulier permet de ré-associer la quantité avec une autre quantité : on retrouve les équivalences.
Ensuite Michel Vigier expose comme outil le tableau, là peut-être je reste plus septique tel que c’est exposé (merci le journaliste).
Je pense que Michel Vigier veut plus parler du concept de proportionnalité (un tableau ne l’est pas forcément) et il est vrai que la proportionnalité est une vision naturelle que nous avons du monde.
Comme si on retrouvait entre deux quantités une équivalence. Si on double l’une alors l’autre est aussi doublée.
Instinctivement des élèves ont ce genre de raisonnement. (d’ailleurs par exemple il suffit de voir qu’historiquement on considérait qu’un objet mettait 2 fois plus de temps à chuter si la hauteur de chute doublait : on considérait que c’était une situation de proportionnalité. Et on a mis longtemps à casser cette vision)
Le programme du collège est axé en partie de la 6e à la 3e sur la proportionnalité. C’est une notion importante, il s’agit donc de réactiver cet instinct que les élèves possèdent déjà. Peut-être faut-il les mettre en confiance?
Quid de l’assocation API?
C’est une association justement créée par Michel Vigier dont une antenne existe dans chaque département.
Cette association en partenariat, prendra en charge des enfants touchés par l’innumérisme, et en 3 mois, ils donneront aux enfants des outils (« Méthode des Abaques« ) pour redonner sens aux mathématiques : le tableau et … le boulier .
J’ai hâte de connaître les (futurs) responsables de la Sarthe.
J’en saurais bientôt plus connaissant la (future) responsable des Deux-Sèvres… 🙂
Point 1: mot sceptique SVP à corriger: Être sceptique, rester sceptique : douter d’une chose.Du grec ancien σκεπτικός, skeptikós.
Point 2: Article fondamentalement intéressant, j’aimerais pouvoir creuser la question de l’aide aux enfants de maternelle ayant l’incapacité de distinguer 1 et 2 (cas de jumeaux et jumelles identiques qui ne se reconnaissent pas en tant que deux individus à part entière mais en tant qu’entité groupe ce qui donne 2=1) Je m’arrache les cheveux)
Pourrais-je trouver des infos sur votre blog?
Merci
Bonjour,
Je trouve votre blog très intéressant et vous propose de partager un lien vers le mien : creationsrecreation.wordpress.com
Bien à vous,
Anne Michon, Orthophoniste