« Autonomie » et Classe Inversée ?

Alors je présente juste une réflexion en l’état.

On parle souvent d’autonomie quand on parle de Classe Inversée, et là j’ai eu quelques discordances sur la signification de cette autonomie. La signification de ce mot est sans doute galvaudé.

Contextualisation, je prépare une formation sur la CI et force est de constater que le plan de travail est un appui certain pour rendre l’élève « autonome« . On chercherait à rendre l’élève « autonome« .

Et là je m’interroge, le rend-on réellement autonome?

Les plans de travail

Alors d’abord pour les non-aficionados je vais présenter (un peu à la hache) ce que sont les plans de travail.

Les plans de travail sont des sortes de parcours que l’élève choisis de faire en fonction des choix qui lui sont proposés.A travers ces parcours, l’élève a accès à des ressources qui lui sont proposées et aussi des exercices qui permet de confronter les notions rencontrées.Le but de ces parcours est souvent de répondre à une problématique plus grande qui est l’amorce de ce parcours : Tâche complexe ou autre.

J’en ai proposé un il y a quelques temps, où se mélange ressources et exercices (l’amorce étant une vidéo extrait d’APPOLO 13). Je le remets :

Alors oui, ici l’élève ne dépend plus du professeur, d’ailleurs c’est un dispositif qui pour moi sert principalement à cela, le professeur n’est plus tributaire du rythme classe , chaque élève avance à son rythme (différenciation). Le professeur ainsi libéré peut venir en soutien pour les élèves en difficulté. La différenciation de rythme permet à ce que les élèves ne soient pas sous pression. L’élève est capable de s’autoévaluer sur ce qu’il sait faire (échelle descriptive et indication dans les parcours des niveaux)

Et puis….

Et puis la phrase « Puisque l’élève avance seul à son rythme, l’élève est autonome » est lancée. Boum!

Une autonomie?

Aie! Aie ! Je vais répondre direct : NON, l’élève ici n’est pas du tout autonome! Pire il l’est moins.

L’autonomie, ce sont les ressources personnelles (comportementale ou de connaissance) que l’élève possède qui lui permette d’être indépendant face à une problématique.

Donc autrement dit, l’autonomie se travaille sur des situations qui nécessitent des choix, des prises d’initiatives. « C’est en forgeant qu’on devient forgeron ».

C’est d’ailleurs tout l’objectif des tâches complexes qu’on a développé avec Ju’ : « Les problèmes DUDU » certains très simple (pour s’approprier le nouveau média, réfléchir sur une vidéo est plus complexe que sur du papier) et d’autres plus difficile (où il faut faire des choix, chercher des info manquantes etc..). Là, les élèves osent, cherchent, trouvent des stratégies et là ils sont seuls dans leurs choix. Rien n’empêche qu’ils viennent voir l’enseignant, car ce dernier devient ressource ou soutien.

Revenons sur les plan de travail, ici tout est guidé. L’élève ne se pose pas de questions, on les lui pose, les choix sont fléchés. Oui, il peut choisir de faire plus ou moins d’exercices à chaque étape, tout le reste, il n’y a aucune autonomie. L’élève ne peut pas être autonome puisqu’il doit suivre le parcours, plus ou moins vite, mais le chemin reste le même.

Revenons sur mon parcours, oui certains se sont arrogé le droit de ne pas faire d’exercices sur les produits en croix… Mais dans leur tête ils sont passés par la case « produit en croix ».

Donc ici l’élève est tributaire d’un parcours , chemin de réflexion, de ressources (ce sont les miennes et nulle autre), d’ordre des exercices …

Alors on pourrait dire que c’est difficile de ne pas flécher, oui, je suis d’accord, en fait on ne peut faire autrement, ou du moins , je pense que ce serait difficile.

Mais ici est-ce le but réel que de rendre autonome l’élève? Évidemment Non !

On souhaite juste que l’élève dépende du document et non du professeur en tant qu’homme. Car il dépend encore de l’enseignant à travers le document. C’est toujours le professeur qui le guide à travers le parcours qu’il a construit.

Trimay / PARCOURS

Par contre, on change ici le statut non pas de l’élève mais de l’enseignant, il n’interagit plus directement avec l’élève mais à travers le document, il est libéré pour aider les élèves difficultés. Et ce document permet aux élèves de progresser seul ( tout en étant dépendant du document) , chez eux les élèves progressent autant qu’ils le veulent.

Bref : Faire seul ne veut pas dire être autonome.

A propos de l'auteur :

Enseignant de mathématiques : collège Belle-vue de Loué Membre de l'équipe du "Rallye mathématique de la Sarthe" blog : mathix.org

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6 commentaires

  1. Je suis d’accord avec ton analyse. Après je la nuancerais volontiers en considérant qu’il y a plusieurs niveaux d’autonomie du point de vue de l’élève : du tout guidé en classe, tous au même rythme, à l’apprentissage seul dans son coin en cherchant soi-même les ressources, en passant par le plan de travail. Je ne pense pas que l’utilisation du plan de travail se situe au milieu de l’échelle d’autonomie, mais il permet déjà à chacun de gérer ses apprentissages et d’apprendre, au moins, la gestion de son temps et de l’organisation (notamment en décidant de sauter des étapes s’il les trouve trop évidentes).
    Bref, l’utilisation des plans de travail est, à mon sens, une première étape vers l’acquisition de l’autonomie. Au moins en terme de méthode de travail moins cadrée temporellement, ce qui leur permettra éventuellement de mieux s’approprier des parcours de formation continue plus tard dans leur vie.

    1. Et bien l’autonomie d’action se voit dans un environnement ouvert, et le parcours reste fermé, donc à part le rythme (ce qui est mineur pour moi), il n’y a aucune autonomie.
      C’est le premier palier? Peut-on parler de palier? Peut-on saucissonner la compétence « autonomie » ? Là franchement je botte en touche… Je ne sais pas.
      Je suis d’accord par contre sur les avantages à travailler les plans de travail pour des formations futures.

  2. Bah si je dis à ma fille « Tu fais tes devoirs, tu prends ta douche et tu fais à manger » elle est quand même plus autonome que des années avant où il aurait fallu faire ses devoirs avec elle, l’accompagner à la douche et lui faire à manger. Pourtant elle n’est pas complétement autonome. Du coup c’est en ça que je vois une gradation dans le niveau d’autonomie.

    1. oui, mais est-elle pour autant autonome? L’idée est juste que j’ai la furieuse impression que l’on croit que l’élève est autonome alors que non.
      C’est un peu comme les tâches complexes où il y a plein de questions pour guider l’élève qui ne sont en rien des tâches ouvertes qui requiert de ‘autonomie.
      L’autonomie c’est l’ouverture, un parcours reste …fermé non? Les choix restent limités, non?

  3. Mais on est d’accord là dessus. Une tâche complexe avec des questions qui guident ça devient une juxtaposition de tâche simple. C’est pour ça que je préfère le nom tâche à prise d’initiative (et sans guides)
    Et je suis d’accord que ce n’est pas de l’autonomie acquise pour ma fille, mais un premier chemin vers l’autonomie grâce à une responsabilisation et une plus grande marche de manœuvre laissée. Si quand je lui demande de faire ses devoirs et prendre sa douche et qu’elle n’a rien fait quand je reviens, je dirais qu’elle n’a aucune autonomie.
    Comme ton potager qui ne te permet pas une autonomie alimentaire, mais pourrait être une première étape vers ladite autonomie.
    L’autonomie est un but atteint grâce à des etapes, non ?

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