La note : un outil de communication pas si génial

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0-20Il y a peu je recevais un mail d’un parent qui voulait que je corrige la copie de sa fille, car la note que donnait l’enseignant ne lui convenait pas. J’ai refusé , argumentant que c’était plus un problème de communication. Certains commentaires m’ont interpellé, j’ai tenté de répondre, les échanges se sont enlisés. Je me dis qu’il est temps de faire un article sur la note, sa supposé « objectivité » et ce qu’on entend par évaluation. Je mettrais aussi en regard avec les corrections du BAC (ou brevet), les évaluations que l’on donne.

La note : un nombre que l’on croit comprendre … à tort

N’avez-vous déjà pas entendu « pfiou j’ai eu 10, pile poil la moyenne!!!! »  » Rah 9/20 j’y étais presque!! »  «  »Trop bien j’ai eu 12, c’est coool« .

Tant de phrases qui illustrent d’ailleurs les propos d’Antibi, sur la référence de cette supposée « moyenne » et ce supposé niveau qu’il faut atteindre. Un peu le stade binaire, en dessous de 10 PAS BIEN, au dessus de 10 BIEN.

Il n’en est rien malheureusement. Je prendrais les exemples en mathématiques, discipline que j’affectionne en tant qu’enseignant … de mathématiques.

En mathématiques, les  notions d’un niveau à l’autre s’empilent, un peu à l’instar d’une pyramide, il est donc essentiel d’avoir acquis une majorité de notions à la fin de l’année pour passer à l’année suivante. N’avoir que la moitié des notions acquises, n’est en aucun cas satisfaisant.

Si l’on devait se faire une référence, ce serait plus 15/20, et encore postuler sur une moyenne à atteindre me paraît bien hasardeux, j’y reviendrais plus tard.

 

Donc ici, il y a déjà une première incompréhension, entre l’enseignant qui peut donner un constat sur les notions acquises, et les parents (et parfois élèves) qui soutiennent le pseudo niveau exigé tacitement  de « 10/20 » (et par certains enseignants aussi à tort ou raison j’y reviendrai) .

 

On peut alors s’interroger sur ce que veut dire la note.

Oui tiens! Quelles utilisations les enseignants en font? Y en a-t-il des différentes?

Des notes qui ne veulent pas dire la même chose.

Je ne ferais pas un résumé exhaustif de l’utilisation de la note mais je vous propose quelques exemples :

Un état binaire :

Des enseignants peuvent justement considérer cet état binaire de au-dessus de 10 et en dessus de 10. Quoi de plus normal, au fond, il s’agit justement de parler le même langage que les parents.

Dans cette catégorie :

  • Il y a ceux qui construisent un barème très précis et subissent ce barème.En effet, même avec un barème, il y a toujours un élève qui ne rentre pas dans les clous et qui a une mauvaise note alors que ça copie n’est pas si mauvaise. La note ne reflète pas forcément ce qu’il pense de l’élève.

Ce procédé est celui que la plupart des parents se font de la notation par un enseignant. Mais fait-elle réellement sens? Je n’y crois guère.

  • Il y a ceux qui note « à la louche » chaque exercice, ils font confiance à leur œil expert, « il a compris cela  mais pas cela, il y a eu des efforts cela vaut donc 4/5« .

Ne soyons pas surpris de cela, c’est beaucoup mieux qu’un barème! Cela suggère cependant de bien connaître l’élève. Cela permet aussi de prendre en considération les accidents.

  •  Il y a aussi , un peu entre les deux, ceux qui biaisent légèrement leur barème pour donner une note à un élève de 9,5/20 quand il juge qu’il doit fournir un peu plus d’efforts ou qu’il n’est pas méritant. Ou l’inverse, de rajouter 0,5 point pour que l’élève ait 10/20, car il est justement méritant.

 

Bref, la connaissance de l’élève prend une part importante dans la notation de l’élève….

Ceux qui veulent une note correspondant aux notions acquises.

 

  • Il y a ceux qui note « à la louche » en fonction d’un tableau de compétences, j’ai 5 compétences à évaluer, chacune pas forcément sur le même nombre de points. Je corrige la copie entièrement et je note chaque compétence. La note résultante est la somme des notes obtenues aux compétences.

J’ai vu ce procédé lors d’un GRAF auprès d’un enseignant des SVT. C’est de l’évaluation par compétence chiffrée. C’est un principe de notation qui se rapproche beaucoup de l’évaluation par compétences.

  • D’autres peuvent au contraire construire une note autour des notions acquises ou non, caricaturalement :

10/20 correspond à la moitié des notions acquises , 15/20 les 3/4 etc….

 

Que dire de cela?

Avec ce melting-pot de notations, il est difficile donc d’apprécier une note, car elle est liée à l’enseignant.

Chacun à sa manière de noter,  cependant il y a toujours un contrat avec l’élève, celui-ci sait comment et pourquoi nous notons comme cela et ce que ça vaut, il y a une communication avec les élèves par le biais de …. l’appréciation et des petits mots que l’on dit en rendant la copie.

La note ne veut pas dire grand chose pour les parents puisqu’ils ne sont pas en mesure de savoir quel contrat a été passé avec l’élève.

Bien entendu, parfois certains confrères ne s’étendent pas dans les appréciations, ce qui est bien dommage et cause la plupart du temps de l’incompréhension et même parfois de la haine. Cependant un dialogue avec l’enseignant règle la plupart du temps les soucis, pour peu que chacun reconnaisse les avis de part et d’autre sur l’élève ou l’enfant en question.

En plus on doit faire la moyenne des notes que l’on obtient!!!!

Atroce! La « compensation » apporte encore plus de confusion dans la moyenne en maths, et bien un contrôle sur le théorème de Thalès peut rattraper un devoir sur la proportionnalité?

Cela fait-il sens?

Mais parlons de la fameuse moyenne générale : comme si le français pouvait compenser les maths et inversement!!

 

Plus sérieusement, pour faire un bilan de l’élève, il s’agit de lire les appréciations dans chaque discipline et la globale.

J’ai déjà vécu (en tant que stagiaire) des conseils de classe où les enseignants disaient : « C’est un bon gamin, il ne faut pas tenir compte de ma moyenne dans ma discipline« . Affligeant là où le bulletin doit refléter un jugement crédible voilà que l’on devrait subir une moyenne qui ne nous convient pas.

Pourquoi ne pas la changer ?

Cela a donné naissance à scolatix.org, projet mené à l’origine par moi-même, Tifenn Favreau et Julien Durand (mon frère). Il est toujours maintenu par mes soins.

Oui mais le BAC, le Brevet, ce sont bien des concours notés, non?

Effectivement, d’ailleurs en tant que correcteur, un barème nous est proposé. Cependant une tendance en mathématiques ( je ne sais pas pour le Français et l’histoire-géographie) depuis 2 ans amorce le changement d’un barème fixe (1 point si Pythagore mentionné etc…) à un barème lié aux compétences (3 points si la compétence « raisonner » sur les exercices 1 , 2 et 4 est manifeste).

Donc même pour les concours, il existe différentes manières de noter….

De plus, des expérimentations ont eu lieu sur les copies de bac, corrigées par 5 correcteurs, on constatait des différences de plusieurs points. Un barème précis n’empêche pas les écarts de notation. A savoir qui note mal et qui note bien entre deux enseignants est aussi difficile surtout s’ils subissent un barème qu’ils n’ont pas choisi.

 

A quoi sert la note alors?

parentprof
A rien.

En tout cas, surtout pas pour communiquer sur le résultat d’une évaluation.

Surtout pas pour communiquer sur le bilan trimestriel.

Peut-être est-ce pour cela qu’elle disparaît peu à peu des écoles et même des collèges, non?

Me demander de corriger une copie pour juger de la note d’un élève qu’un confrère inconnu m’aurait donné  alors que je ne sais pas ce qui a été vu, ni ce que l’enseignant attendait des élèves , ‘ le fameux contrat’, et bien non merci!

La communication doit passer par l’enseignant en question.

Pour l’image que l’on m’a dite sur le changement de médecin pour un diagnostic si on n’est pas content :

Choisir un autre médecin quand on a un doute, pourquoi pas. Comparons une fois de plus ce qui est comparable, un  médecin peut faire des diagnostics autant qu’il le souhaite. Ce qu’on me proposait était les résultats d’abord d’un seul diagnostic et deplus des résultats d’un diagnostic que je n’ai pas choisi.

Si par contre, on me disait : « Peux-tu me dire si elle a compris la factorisation ou les équations? »

Sans problème, je lui ferais faire MES évaluations et je corrigerais MES évaluations.

 

A propos de l'auteur :

Enseignant de mathématiques : collège Belle-vue de Loué Membre de l'équipe du "Rallye mathématique de la Sarthe" blog : mathix.org

a écrit 1155 articles sur mathix.org.

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3 commentaires

  1. Bonjour,
    Le professeur de mathématiques à donner un zéro à mon fils car il n’a pas recopier la correction du contrôle faite en classe. Il leur a dit en début d’heure, vous devrez recopier tous la correction et à la fin , je vérifierai. Mon fils a eu une note satisfaisante au contrôle et il n’a plus de place dans son cahier d’exercices pour recopier la correction, il l’a faite sur sur une feuille et il’a oublié de montrer cette feuille à la fin du cours. Le lundi, le prof. a demandé à tous les élèves qui ne lui ont pas montré la correction de le faire et tous ont eu un zéro. Je suis partis le voir, je lui expliqué qu’il n avait pas le droit et me répond si, je lui répond que ce n’est pas une évaluation et me dit si. Je sais pas quoi faire? Pourriez-vous m’indiquer des pistes à suivre svp.

    1. Juger comme cela une situation d’un élève qui en a parlé à son papa qui écrit cela en 7 lignes, me permet hasardeux.
      Avant toute chose, je crois qu’il faut clarifier quelques points :
      – recopier une correction et demander à ce que cela soit bien, l’assiduité pour faire cette tâche peut être évaluée. Ce n’est donc pas incompatible avec une note.

      Le fameux zéro est compatible avec un devoir non fait ou non-rendu, même si je ne suis pas fan, il m’est arrivé en dernier recours à avoir fait cela.

      Le fameux « oubli » d’un élève est une excuse tellement utilisée par les élèves qu’on peut avoir du mal à le croire.

      J’aurais d’ailleurs une (ou deux) question à ce propos : Votre enfant avait-il le soir-même la feuille où la correction était présente? L’a-t-il donnée à son enseignant?

      enfin, je voudrais tordre le cou à une rumeur qui prétend qu’on (les enseignants) aime bien mettre des zéros, c’est tellement jouissif.
      Nous n’avons pas signé de pacte où il faudrait atteindre un quota de zéros, mettre un zéro est un échec de l’élève et de l’enseignant. Ca ne nous fait pas plaisir, loin de là, mais parfois il faut « taper du poing sur la table » pour faire réagir un élève.

      Le comportement de votre enfant, pour ne pas avoir zéro est entendable, personne n’aime.

      Mes conseils :
      Par contre, une chose à ne jamais faire, c’est contredire l’enseignant devant son enfant et aussi dire à son enfant qu’on va faire changer d’avis son enseignant. Votre enfant profitera de la situation, il n’en sortira rien de constructif.Pire la situation risque de se dégrader.
      Prenez juste rendez-vous avec l’enseignant, sans votre enfant, écoutez l’enseignant, acceptez que votre enfant ait pu vous mentir pour se dédouaner, accepter que l’enseignant ne soit pas content de votre enfant, demandez-lui ce qu’il faut faire pour que cela ne recommence pas, et que faire pour aider à construire une relation saine entre votre enfant et l’enseignant.

      Si votre enfant voit que vous prenez parti contre l’enseignant, il profitera de la situation.

      Imaginez un enfant qui voit ses parents se contredirent, il « sait » généralement à qui demander pour sortir plus tard ou autre. On est dans le même cas de figure lorsque deux autorités référentes s’opposent.

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