Faire une évaluation : une opération pas si simple…

read-316507_1280Se poser la question d’évaluer nos élèves est légitime. Se donner tous les moyens pour que nos chères têtes blondes comprennent puis apprennent, il faut bien « jauger » cette transmission.

A-t-elle été efficace?

L’élève a-t-il compris?

L’élève a-t-il appris?

Dans quelle mesure? 

I. Evaluer les élèves, pourquoi?

Avant de commencer à répondre à cette question, on peut peut-être définir ce qu’on entend par enseigner, qu’est-ce qui relève de la responsabilité de l’enseignant et de la responsabilité de l’élève?

Pour moi, l’enseignant, lui, doit faire en sorte que l’élève comprenne, l’élève,lui, une fois qu’il a compris, doit apprendre.

Evaluer quoi ? La question pouvait paraître anodine,  mais on pourrait donner deux réponses :

  • juger l’efficacité de notre travail d’enseignant.
  • juger l’efficacité de leur travail d’élèves.

Qui n’ a pas eu la terrible prise de conscience que la majorité de votre classe n’a pas compris une notion que vous vous êtes pourtant évertué à faire comprendre, mais rien n’y a fait, aucun élève n’a compris? Est-ce judicieux de pénaliser l’ensemble des élèves pour quelque chose qui n’est  peut-être pas de leur ressort?

smart-187696_640Moi personnellement, je m’en tire en leur faisant part de mon désappointement et en disant que je ne peux pas me satisfaire de cela et j’entame une séance de remédiation où généralement les élèves coopèrent. Mais quid de la note ?

C’est ce qui m’avait amené un autre argument pour l’évaluation par compétence où il suffisait de retirer l’item en le considérant comme « non évalué« .

Et puis, évaluer le travail de l’élève, l’opération semble là aussi bien complexe, une évaluation ratée ne signifie pas que l’élève n’a pas compris la notion, peut-être aussi que l’évaluation a été ratée parce qu’elle a été mal conçue. Elle n’a pas pu mettre en exergue les acquis de l’élève.

Tous les élèves sont différents et peuvent réagir différemment face à une évaluation, certains juste parce qu’ils gèrent mal la pression, peuvent paniquer, le résultat ne sera pas glorieux… pourtant l’élève sait faire… Cette pression, on doit lui apprendre à la gérer, certes, mais est-ce judicieux d’indiquer qu’il ne sait pas appliquer une notion mathématique alors qu’en fait il n’en est rien?

Bref, une évaluation ça se prépare et d’ailleurs dans mon collège, j’ai la super chance de faire les évaluations avec mes collègues! Oui oui, à Loué, toutes les évaluations de mathématiques sont communes et ce pour toutes les classes ! Ce qu’il y a de plaisant, c’est qu’à travers ce travail de mise en commun d’exercices, de refonte des devoirs, on apprend à voir l’évaluation autrement,c’est vraiment chouette.

conference-374078_640Nous avions fait un stage sur l’évaluation, il y a 2 ans, notre réflexion a mûri, et je vous livre notre modèle d’évaluation.

II L’évaluation

Nous avons amélioré notre pratique de l’évaluation sur plusieurs points :

  • Les exercices ne sont plus numérotés.

Quoi de plus énervant de voir les élèves qui se cantonnent à faire dans l’ordre les exercices? On a donc décidé d’enlever la numérotation des exercices et de remplacer le fringant « exercice » par un titre qui révèle de manière efficace ce qui peut être attendu (en restant évasif).

Cela permet à l’élève de choisir efficacement ses exercices de nous montrer qu’il sait faire.

Parfois dans certaines évaluations, on se laisse parfois à titre rigolo :

« Laissez passer ou fractionnez-les toutes ! » pour des calculs fractionnaires

« Magie Magie c’est la cuisine d’aujourd’hui » pour des carrés magiques

« Monsieur le scientifique dit un résultat ! » pour un calcul avec des notations scientifiques.

Cela peut apporter une touche d’humour qui aussi dédramatise un peu l’évaluation.

  • Donner explicitement la possibilité de laisser des traces de recherche

Les élèves parfois ne s’autorise pas à laisser un raisonnement incomplet, à l’instar du brevet, nous avons laissé des consignes « Laisse une trace de tes étapes de recherche. » Nous mettons à un point d’orgue à ce que les élèves ne laissent pas de copie blanche.

  • Laisser des choix

Dans nos évaluations, nous laissons parfois des exercices au choix ou des choix dans les exercices.

Donner le choix aux élèves apporte un regain d’attention de la part de ce dernier, il lira l’énoncé complètement avant de faire l’un des deux exercices .Il analyse donc l’énoncé entièrement ce que généralement il ne fait pas classiquement.

  • Culture mathématique

On manque généralement de temps pour aborder l’histoire des mathématiques. On aura beau maintenir une section histoire des maths sur le site internet du collège, rien y fera les élèves n’auront pas tous la curiosité d’aller voir.

Profitons de l’évaluation pour leur donner des petites capsules d’histoires des maths, car oui, un élève qui a terminé quelques minutes avant la fin de l’heure, il n’a rien d’autres à faire que ….lire, il pourra donc lire en toute quiétude le « Le Saviez-vous? »

  • Auto-évaluation

Evaluer , c’est aussi confronter ce que pense l’élève de lui-même avec ce que pense l’enseignant de lui (l’élève). Savoir explicitement ce que l’élève pense avoir acquis ou pas acquis est intéressant. On peut rassurer plus facilement et mettre le doigt sur des lacunes plus facilement, on sait quand il faut « prendre des pincettes ou non ». En effet, si un élève pense tout connaître alors qu’il n’en est rien, il faut y aller de manière constructive et comprendre que l’élève va prendre une « claque », alors que si un élève sait pertinemment qu’il a des lacunes, on peut être plus rapide.

Je vous propose deux exemples réels qu’on a donné en début d’année.

Voir en plein écran
Voir en plein écran

 

On entend parler de bienveillance, de laisser l’opportunité à l’élève de montrer, de nous montrer qu’il sait faire.

L’évaluation n’est donc pas à négliger, non?

A propos de l'auteur : blank

Enseignant de mathématiques : collège Belle-vue de Loué Membre de l'équipe du "Rallye mathématique de la Sarthe" blog : mathix.org

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7 commentaires

  1. Bonjour,
    le soucis principal de l’évaluation n’est pas l’évaluation elle même, je suis globalement satisfait de mon système d’évaluation de cette année, où je cherche à évaluer les progrès autant que la performance, c’est la remédiation…
    a+ mr

    1. Oui, l’un ne va pas sans l’autre, mais avant de parler de remédiation, il faut bien s’attarder sur ce qu’on évalue, comment, et s’interroger sur les critères d’évaluations et les parasites qui peut interférer les résultats ou du moins en avoir conscience, non?

  2. bonjour, quel vaste sujet…
    L’évaluation oui mais quand et comment ?
    N’évaluez vous que en séance individuelle de « devoir » ? Pour ma part, j’essaie de varier les situations. Ce qui m’interpelle le plus pour l’instant c’est l’évaluation de la progression de chaque élève, j’essaie d’adapter les contenus ou de faire du « au choix » aussi.
    Autre remarque : on parle toujours de REmédiation… la répétition, l’acharnement sur des choses qui posent problème. Perso je commence à saturer de voir l’inefficacité globale de la remédiation. A quand la médiation tout court ?
    a+

    1. Je n’évalue pas seulement en « devoir ». On évalue tout le temps en fait, même sans s’en rendre compte. Il nous arrive de pardonner des erreurs d’inattention lors d’une évaluation parce que l’on sait que l’élève est capable, c’est bien qu’on l’a évalué avant (sans forcément passer par l’évaluation « papier »), non?
      Car oui, en classe, on peut savoir les élèves ont compris ou non, ceux qui rateront tel ou tel exercice. L’évaluation « papier » sert justement à communiquer à l’élève, lui laisser une chance de nous montrer qu’il sait faire et corréler ce que l’on pense savoir de l’élève.
      Je suis d’accord avec toi sur la remédiation, parfois j’ai un sentiment de ras-le-bol. La remédiation ne sert pas pour tous les élèves, mais elle sert, elle permet aux élèves qui veulent rebondir de comprendre. Certains saisiront l’opportunité de comprendre d’autres non, mais l’instant de remédiation doit, je pense,exister.
      Elle permet de réexpliquer (les élèves qui sont convaincu par le résultat de l’évaluation qu’ils n’ont pas compris seront normalement plus à même d’écouter, ils se sentiront concernés normalement), et se conforter en faisant un ou deux petits exercices. Tous ne saisiront pas cette opportunité….
      Après soyons raisonnable, la remédiation ultime n’existe pas.

  3. C’est vrai qu’on évalue tout le temps, et qu’on remédie aussi tout le temps de façon implicite mais diablement plus efficacement que sur les évaluations et remédiation « papier » comme dirait Arnaud. N’est ce pas suffisant?

    Je rebondis suite aux 2 nouveaux commentaires sur le mien, la remédiation ce n’est pas si évidente. Et ceci dans les deux sens du termes. Pas évident qu’elle soit faite et pas évidente à préparer (et même pas évidente qu’elle soit efficace).

    Je reste convaincu, mais seul les imbéciles ne changent pas d’avis, que les seules évaluations qui vaillent sont les évaluations différenciées par compétence dans lesquelles on puisse mesurer à la fois les progrès et les performances de chacun. Par conséquent’ j’ai du mal à adhérer aux devoirs communs!!

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