Mois : décembre 2011

Leçon sur la discrimination : quelques supports

I.Reportage

En pleine réflexion sur l’Education à la sexualité et au respect des autres, je tombe sur un reportage autour d’une expérimentation assez surprenante. Elle se déroule dans une école primaire, une institutrice demande aux élèves s’ils veulent vivre une expérience sur la discrimination, les enfants, un peu innocents, répondent par l’affirmative.

a)Descriptif et 1ère journée

Dès la réponse donnée, l’institutrice met en marche son mécanisme de discrimination, rapportant qu’une autorité scientifique a prouvé que les plus petits sont plus intelligents, gentils, attentifs que les grands.

Elle catégorise sa classe en deux groupes, les grands et les petits en prenant 1m34 comme taille limite. Le groupe des grands va revêtir un chasuble rouge. Elle va favoriser les petits en leurs donnant des privilèges. La frustration comme jeu de discrimination en plus de l’irrespect, un uniforme pour créer un groupe paria.

C’est choquant, gênant, il dérange ce comportement de part l’attitude de l’institutrice. Les enfants devraient se révolter … mais non!

La journée se passe, un élève grand qui était rejeté par la classe est plus serein comme si la honte qu’il subissait était partagé avec son groupe : « Il n’est plus seul« .

A la fin de la journée, c’est effrayant les enfants s’insultent de « grands » sans que la maîtresse les y pousse.

b)2e journée et bilan

blankLe lendemain, elle inverse les privilèges, prétextant qu’elle s’est trompé et que son directeur (un homme très grand) lui a démontré que ce sont les plus grand les plus intelligents. Les privilèges sont donnés au plus grands.

On pourrait croire que le groupe des grands qui a subit la discrimination soit plus sympa avec l’autre groupe : Erreur! Ils sont tout aussi méchants! La nature humaine est terrible, à croire que le phénomène de groupe est réellement dangereux.

Le bilan à la toute fin est mitigé, les enfants se liguent contre l’institutrice, il faudra attendre quelques jours pour que les enfants comprennent ce qu’il s’est passé et apprennent de cette expérience.

Le résultat est intéressant, les enfants ne rejettent plus l’élève marginal, il y a plus de respect entre eux.

Un apprentissage efficace par le vécu :  subir la discrimination ne suffit pas pour qu’on en soit après l’auteur.

Mais faire un travail a postériori apporte vraiment un réel apprentissage marquant!

 

b)La vidéo

II.La vague

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Le livre

Un livre et puis un film (basé sur le livre), inspiré d’une histoire vraie.

C’est l’histoire de Ron Jones un professeur avec des élèves de première du lycée Cubberley, en 1967. Voulant faire un cours sur l’autocratie, en 1 semaine il met en place un mouvement (la 3e vague) un peu sectaire, montrant aux élèves ce qu’est une dictature, et les  élèves se prennent au jeu et finissent ensuite par y croire. (source : wikipedia , dans la le livre la date indiquée est 1969 et non 1967)

Le film est une adaptation du livre qui est lui-même une adaptation de l’histoire vraie.

Le film est convaincant, réaliste et dérangeant, tout doucement et en transparence, par le jeu de question/réponse avec les élèves l’enseignant met en place les rouages de la dictature.

 

La bande annonce du film « La vague » :

La Vague – Bande-annonce par baryla

III.Une expérience à faire au collège?

Inspiré de l’expérience québecoise, j’ai fait la demande à mes supérieurs, l’infirmière et la CPE pour mettre en place le même genre d’expérimentation avec mes 3e.

Je pensais faire l’expérience sur 2 ou 3 jours, rapportant qu’un groupe de scientifiques disait que ceux qui avait des lunettes étaient plus intelligents. Il s’agissait de donner une caractéristique clairement loufoque pour juger de l’intelligence des individus, et je voulais leur signifier que c’était une expérience et qu’on verrait si cela fonctionnerait comme le disaient les scientifiques.

Il s’agit ensuite de voir les réactions des 3emes, je m’attendrais à ce que certains réagissent et s’opposent. Et enfin après ces 3 jours, je comptais  faire le descriptif de leurs ressentis et faire le parallèle avec la haine, le communautarisme et la discrimination et en dégager le mécanisme.

Bien sûr, c’est une classe que j’ai choisi, je ne la ferai pas avec d’autres. Je comptais prévenir les parents et inspection si, bien sûr, l’aval de ma hiérarchie, du CPE et de l’infirmière, j’avais.

 

Mes supérieurs ainsi que le CPE ont refusé, car, pour eux , pas assez de garde-fous afin d’éviter les dérapages.Néanmoins, ils ont montré de l’intérêt, d’ailleurs j’ai appris lors d’une discussion de l’expérience de Ron Jones : Ils ne souhaitent actuellement pas courir le risque.

Il est vrai, on travaille avec des adolescents, des êtres en construction donc plus crédules. Mais faut-il constamment les protéger, y-a-t-il vraiment un danger? L’enseignement par les erreurs et le vécu est un apprentissage pourtant efficace. Surtout que l’on ne demandait pas à ce que toute l’équipe enseignante joue le jeu de la discrimination mais un seul professeur, justement pour qu’ils observent qu’il y ait un problème et apprennent à contrer ce genre de pratique d’eux-même.

 

Tout n’était pas parfait! Un problème me gênait, mais j’aurais néanmoins tenté l’expérience :

Comment rétablir un climat de confiance entre l’enseignant « fautif » et la classe? En effet, il s’agit de tromper les élèves en usant du statut d’enseignant…

Réflexion à suivre…

 

Un petit extrait du film « la vague » qui résume la mise en place de la dictature avec le consentement global des élèves.

étude expérimentale La Troisième Vague par nature-boy-79

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La créativité & la motivation : des leviers pour l’apprentissage

blankDans une soirée, alors que je refaisais le monde avec un ami avec qui je vais travailler sur un site internet pour son association. On a longuement parlé du travail collaboratif et de la recherche. Une phrase a fait écho et retenti encore : « La créativité est la seule chose qui rend humain, un homme non créatif n’est plus humain » .

J’étais parti sur un article sur la motivation, comment la découper et savoir où elle prend son essence. Après réflexion, la créativité et la motivation ne sont que deux aspects d’une même et unique qualité d’un individu. Elles vont de pairs. Ce sont aussi deux leviers pour l’apprentissage.

Tout d’abord, je vais tenter de définir ce qu’est la motivation et en quoi elle permet d’apprendre.

 

I La motivation, sa définition.

a)Il n’y a pas de motivation sans obstacle.

Pour étayer ce propos, je ferai d’abord appel à notre expérience d’enseignant. A-t-on eu un élève brillant que l’on a cité comme motivé? Non et pourtant c’est évident, la motivation n’existe que par l’opposition que l’on peut avoir face un obstacle. Un peu comme pour qu’un héros existe il lui faut son exact opposé : son ennemi. La motivation est cette capacité que l’on a de faire face à des obstacles pour les surmonter. Un peu comme une voiture qui a de l’essence qui doit monter une côte, on dira qu’un individu aura eu assez de  motivation pour surmonter ses difficultés.

Cette notion de quête paraît évidente, mais résume aussi un problème, on ne motive que des élèves ayant des obstacles.

Je ferai la distinction entre obstacles et difficultés (scolaires). J’affirme qu’un élève doué possédant des facilités peut-être motivé, en lui fournissant des situations complexes qui le mette en difficulté.

Donc pour motiver un élève, il faut lui proposer des situations de problèmes complexes mettant en jeu des difficultés à l’apprenant. Sans cela, pas de motivation, et donc pas d’apprentissage efficace.

b)La motivation n’est pas de la curiosité.

Il y a, je pense, une nuance entre motivation et curiosité. En effet, la curiosité est bien une volonté d’acquérir une connaissance face à l’inconnu. Mais dans ce processus, il n’y a pas, je pense, d’évaluations a priori des « armes » pour acquérir cette connaissance, l’élève ne se pose pas la question de savoir s’il pourra l’aborder. C’est juste un sentiment qui pousse à aller plus loin, mais qui peut s’estomper à la moindre difficulté. Il y n’a pas de rapport de force entre l’obstacle et la curiosité.

Disons que la curiosité est le « premier pas » de la motivation.

c)Il n’y a pas de motivation face au fatalisme.

blankSimple et évident par définition. Mais elle me permet de rappeler que les situations de problèmes proposées doivent donc être « accessibles » afin de permettre à chaque élève d’entrer dans un processus de résolution.

Il faut donc laisser à l’élève la perception ou le sentiment qu’il peut solutionner le problème ou du moins, s’en approcher.

Un enfant se croyant trop nul pour le résoudre, ou se noyant dans une gigantesque montagne d’informations rend un élève fataliste, qui subit et qui par peur de l’échec ne fait rien.

Un élève qui perd la combativité est un élève qui ne cherchera plus et qui subira la solution. Découvrir un monde en le subissant n’est pas le chemin le plus efficace, on tombe facilement dans le travers : « C’est comme ça et puis c’est tout », et les questions du genre « Et alors? »

 

d)La motivation n’est pas contrôlée.

Derrière cette idée, je voulais faire comprendre que l’on est dans du sentimentalisme. Il y a plusieurs raisons pour qu’un élève ne veuille plus faire, parce que l’on joue dans le domaine de l’émotion. Les sentiments peuvent se télescoper ou s’entraîner.

Un élève joyeux sera plus motivé qu’un élève triste et ce indépendamment de la mise en situation propice que l’on aura pu mettre en place.

Discours quelque part déculpabilisant pour nous enseignants, mais c’est la réalité, un apprentissage est plus efficace si le contexte émotif de l’apprenant est stable.

e)La motivation ou l’art de l’épreuve de la remise en question.

Difficile d’aborder cette notion de la motivation, je vais essayer.  Un individu aura beau voir un obstacle accessible, il faut un intérêt a le combattre. L’intérêt peut-être ludique ou celui de la reconnaissance (par la note ou plus simplement un retour évaluatif). Un enfant doit avoir une raison pour faire ce qu’on lui demande.

Il va de soi, qu’un environnement ludique est plus attrayant. Pourtant certains élèves le font sans qu’on leur fournisse cet intérêt.

Je crois que ces élèves sont actifs parce que leur enseignant leur a dit, donc ils se mettent dans une position de redevant face à l’enseignant, l’intérêt est donc de remplir la tâche car c’est leur devoir, un peu comme un roi demandera à son chevalier de combattre pour lui.

Pour d’autres, c’est un moyen de se tester, apte ou non à réussir cette épreuve. Cela va plus loin que l’acte ludique puisque cela provoque une mise en danger. Ce sont, par exemple, ces élèves timides qui prennent la parole subitement face au groupe. Il y a une recherche de limites chez certains élèves qu’il faut savoir exploiter pour créer cette motivation.

 

f)Conclusionblank

On a donc vu que la motivation est un sentiment qui s’acquiert lors de la rencontre d’obstacles suffisamment complexes  pour qu’il y ait du mérite et suffisamment simples pour que l’élève se sente capable de le combattre dans un contexte ludique ou de défi.

D’ailleurs c’est l’objectif des jeux dits « serious games« , ils génèrent la motivation chez l’apprenant par l’attrait ludique qu’il offre.

 

La motivation est donc essentielle pour que l’apprenant aille dans un processus positif (et donc actif)  d’apprentissage.

Voyons ce qu’est la créativité…

II.La créativité, sa définition.

a)La créativité n’est pas issu de rien.

L’histoire humaine repose sur sa capacité à s’adapter à son milieu par un processus créatif, dépassant ce qu’il connaît, pour aller au delà d’obstacles ou de contraintes. J’explique mon a propos, tout processus créatif repose sur un but :

« Changer ou détourner le connu pour en apprécier le profit que sa transformation apporte. »

La créativité donc repose sur le vécu de l’homme et seul celui-ci lui permet d’inventer.

Lavoisier disait : « Rien ne se crée, tout se transforme. » J’appliquerai ceci à la créativité dans le sens, où rien ne vient réellement de l’inconnu mais de l’expérience vécue.

D’ailleurs comment analysons-nous le réel inconnu que nous subissons (qui est opposé à la créativité car celle-ci ne se subit pas, elle prend essence dans la volonté de l’humain qui la porte)? Nous faisons des analogies de notre connu  pour évaluer l’inconnu.

Accepter qu’un élève soit créatif, c’est l’accepter dans son intégralité que ce soit son vécu et ses capacités.

b) De la motivation naît la créativité …

Pour être en posture de créer, il faut un projet, un objectif vers quoi tendre. L’apprenant doit donc avoir en tête la réussite d’un projet.

Ce qu’on peut appeler la créativité est l’originalité du chemin qu’il parcourt pour atteindre son objectif. Bien sûr, il y a des « chemins » classiques qui eux sont le seul fruit d’un apprentissage, ceux-là ne font pas appel à l’esprit créatif de l’individu mais seulement à un esprit de restitution.

On peut donc d’ailleurs se demander si dans notre enseignement nous laissons place réellement à la créativité, voyons nos « méthodes » sur lesquelles nos chers chérubins accourent pour solutionner des problèmes dits classiques. Elles annihilent toute création….

Il existe des projets permettant l’expression de la création, par exemple, les problèmes ouverts ou les problèmes d’estimations où la réponse n’est pas unique et où il existe de multiples solutions empruntant des axes complétement différents.

c) … et de la création naît la motivation.

Ces deux notions sont bien imbriquées, ce qui suggèrent d’ailleurs des situations de cercles vertueux ou vicieux dans le duo Motivation/Création.

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Pour préciser mon idée, je vais décrire ce qui se passerait si nous refusions constamment des solutions originales (qui sont correctes) à un élève. Force est de constater que celui-ci au bout d’un moment se résignera à ne restituer que le cours et d’appliquer seulement LA méthode de l’enseignant. Dans l’émotion qu’est la résignation, il n’y pas de motivation, et  on subit la solution.

Favoriser l’expression de la création permet donc la motivation : « ce que je crée peut-être bon, je sert à quelque chose, je suis utile. ».

La création permet de prendre confiance en soi, on peut imaginer, créer, faire quelque chose de correct et en cela elle pousse à aller plus loin : elle motive.

d) Conclusion

La création ne vit que dans des situations qui permettent son expression.  La créativité ne repose que sur les libertés que l’on donne aux élèves et l’acceptation des fruits de cette expérience par l’autorité que nous sommes. Il faut valider ces démarches.

Encourager ces démarches me semblent pertinents, bien sûr cela ne veut pas dire qu’il ne faut jamais donner des exemples et/ou méthodes, car comme on manierait un outil, on nous a montré comment l’utiliser en nous offrant un exemple (une méthode) et  « naturellement » nous l’utilisons ensuite à notre manière.

La méthode ou l’exemple donné par l’enseignant est donc fortement utile voir primordiale (donne l’utilité d’une notion vue en cours). Mais il ne faut surtout pas renier les chemins « déviants » qui sont corrects.

 

III La créativité, la motivation : des leviers pour l’apprentissage

 

Comme nous l’avons vu, de la motivation naît un apprentissage actif et donc efficace des notions. La créativité, elle, permet de prendre confiance en soi, un élève qui a confiance sera plus enclin à apprendre et/ou être actif dans le processus d’apprentissage.

Les renier, c’est renier le statut de l’élève comme un individu capable de faire SEUL et d’IMAGINER.

Un apprentissage n’est efficace que si l’élève est actif (créativité) et enclin (motivation) à apprendre.

 

 

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