Nous y voilà … le décret est passé!

Le décret est passé.

Les élèves seront donc en groupe « de niveau » ou plutôt « de besoin »… enfin .. en groupe sur lequel on aura mis un filtre ….

C’est drôle quand même, donc si on se projette ça va donner du rock ‘n roll cette affaire!

1) le problème de la progression commune

Imaginons, les groupes sont faits & les progressions communes entre collègues en place…. mais il y a tant de chapitre qui peuvent et doivent être préparé selon des activités flash pour poser quelques graines… comment créer un évènement de référence lorsqu’on n’a pas toute la classe?

spoiler : on ne peut pas.

2) le problème des sorties scolaires

Et paf sortie au planétarium donc il y a un groupe n’aura pas maths… On récupère quand cette heure? comment faire lors de la réintégration en classe entière ou en changement de groupe ?

spoiler : La seule solution sera d’aller plus vite au cas où… là où l’on a besoin de temps justement pour aider…

3) le problème des absences de professeurs

Je serai absent tel jours donc il y a un groupe n’aura pas maths… On récupère quand cette heure? Car il faut que tous les élèves soient disponibles sauf que cela n’arrive que lorsqu’ils ont maths!! 🙂 et donc en manquant cette heure, comment faire lors de la réintégration en classe entière ou en changement de groupe ?

spoiler : La seule solution sera d’aller plus vite au cas où… là où l’on a besoin de temps justement

Ou un remplacement courte durée? Avec un collègue qui ne fera pas de la même façon que soit ?

4) Le changement de groupe.

Supposons qu’à la semaine près deux collègues fassent le même cours.

Les rituels ne seront pas identiques donc un élève habitué au professeur sera plus à l’aise que celui qui le découvre le professeur et la classe… Donc à chaque changement un environnement anxiogène.

spoiler : On va donc devoir s’assurer des activités flash des collègues…réduisant à néant la spontanéité dans les cours…

5) Le soutien entre pair.

Il y aura donc 3 entités de classe, le groupe de maths, le groupe de français et le groupe classe. L’environnement de l’élève changera 3 fois donc 8 heures (sur 26) qui évolueront au gré des résultats. Comment se créer un environnement psycho-affectif stable avec ses camarades ?

spoiler : on ne peut pas… la réforme Blanquer avait fait du tort au lycée sur ce point … et au collège où les élèves sont plus fragiles ….

6) Être professeur principal ?

Dans un collège de 400 élèves , il y aura 8 professeurs qui ne pourront pas être professeurs principaux… où du moins l’être de manière efficace… Enfin qui le voudrait? Chez nous 7 sur les 8 professeurs le sont.

spoiler : Il y aura moins de professeurs principaux.

7) Faire progresser les élèves?

À 30, on ne peut aider les élèves en difficulté et comme dans tout groupe, il y a des élèves en difficulté ceux-là n’auront pas la chance d’être dans le groupe réduit. Et si on doit augmenter alors le nombre d’élèves dans le groupe des élèves en difficultés, on aura un plus grand groupe d’élèves en difficulté qui sera plus complexe à tirer vers le haut.

spoiler : On va constamment évaluer les élèves et constater leurs faiblesses au lieu de les aider sereinement.

Ce dispositif qui est sensé faire preuve de souplesse est justement ce qui va gripper l’école!

8) Enlever les correctifs académiques pour rendre compte du niveau réel des élèves au brevet.

Dans l’absolu , je suis pour ! Il faudra juste que la conclusion de ce fiasco soit l’augmentation des moyens humains & matériel que l’on réclame depuis déjà trop longtemps :

  • plus de professeurs
  • plus de formations
  • moins d’élèves par classe (on est avant-dernier au niveau de l’OCDE…)
  • un salaire décent correspondant à la tâche (personnellement avec 16 ans d’ancienneté je ne gagne pas du tout la moyenne indiquée pour 15 ans d’ancienneté pour l’OCDE mais la population d’agrégées doit expliquer l’écart )
  • Arrêter les réformes et attendre le bilan à chaque fois
  • Écouter les experts en éducation (chercher en éducation et les enseignants qui sont et doivent être reconnus comme tels)

Spoiler : Ce sera a faute des enseignants qui ont mal compris la réforme et qui devront travailler encore plus et qu’on paye trop à rien faire… c’est vrai qu’avec nos études on doit être sérieusement idiot au point de ne pas comprendre la réforme…

Ah oui il n’y a pas de remontée du nombre d’élèves par classe au secondaire auprès de l’OCDE!! 🙂 Donc comparer notre niveau à ceux des autres , j’en ris encore ! Donc il faut bien vérifier les graphiques et sur quelles données elles reposent!

A propos de l'auteur : blank

Enseignant de mathématiques : collège Belle-vue de Loué Membre de l'équipe du "Rallye mathématique de la Sarthe" blog : mathix.org

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9 commentaires

  1. Je me demande aussi si cela ne risque pas d’accentuer fortement les stéréotypes sexistes… Et je trouve cela assez inquiétant.

  2. Bonjour Arnaud.
    Pour les remplacements, il y a une solution « facile ».
    Les groupes seront forcément en barrettes. Quand un collègue est absent, on fait cours en classe entière avec les collègues qui ne sont pas absents.
    Par exemple, un collègue de Maths part en voyage scolaire durant 4 jours. Il suffit alors de dire que les groupes s’arrêtent de fonctionner durant cette période et qu’on fonctionne en classe entière.
    Un collègue est absent pour garde d’enfants ou parce qu’il est lui-même malade, cela fonctionne encore : tout le monde en classe entière !
    En fait, plus besoin de RCD quand tous les élèves sont en barrette. Cela marche pour une durée d’environ 9 semaines dans l’année. On a de la marge.

  3. Je me place simplement du point de vue du Ministère.
    Le plus important, c’est le taux de RCD. S’il y a plus de groupes que de classes, alors aucun problème de remplacement ! Quant au contenu pédagogique des séances de cours, c’est secondaire et anecdotique pour ceux qui sont tout tout là-haut.
    Plus sérieusement, lorsqu’un collègue sera absent pour raisons diverses, j’espère que ce ne sera pas ceci qui nous sera proposé (imposé ?)…

  4. Le décret n° 2024-244 du 19 mars 2024 rend désormais officiellement les chefs d’établissement responsables « de la continuité pedagogique ».
    Peut-être que cela pourra davantage suggérer aux chefs d’établissement le fait de devoir regrouper les élèves en classe entière lorsque un professeur d’un groupe de besoin sera absent (voyage scolaire, formation, …) ?

  5. Bonjour,
    Il manque aussi le point important des progressions/attendus par niveau.
    Quels sont les acquis attendus et que doit on faire comme cours suivant les niveaux ?
    Par continuité, que peut demander un inspecteur lors d’une inspection ?
    En 4°, faire la résolution d’équation avec le groupe « faible » va être (très) compliquée. Pourtant en l’état, elle est au programme de 4° et doit être acquise par tout élève de 4° …
    On peut mettre des profs (de très bonne volonté) à la faute sans trop forcer.

  6. Petite idée :

    Si on suggère à notre Direction de faire des groupes de maths avec des petits effectifs mais avec des groupes à petits effectifs (en clair faire des classes à taille réduite), est-ce que les Directions des collèges l’accepteraient ? C’est ce qui ce passe dans mon collège avec les groupes de sciences. D’après mes calculs, avec le nombre de groupes prévus dans notre répartition (5 groupes pour 4 classes en 6ème et 6 groupes pour 4 classes en 5ème – répartition non encore votée), cela donnerait des groupes à 19 en 6ème et à 18 en 5ème. Ce serait le top pour les profs et pour les élèves.

  7. Oupps !! Je voulais dire des groupes avec des petits effectifs mais surtout des groupes HETEROGENES (comme une classe) et non homogènes.

  8. Bonjour, je lis vos messages et je suis moi aussi très préoccupé par ces mesures.
    Un point supplémentaire m’inquiète très fortement et je n’en entend pourtant pas du tout parler. C’est la dégradations, à terme, très forte de nos conditions de travail en tant que professeurs de mathématiques enseignant en collège.
    Je m’explique : si à la rentrée prochaine (2024) les mesures de mise en barrette concernent les 6e et les 5e, à la rentrée 2025, elles devraient concerner aussi les 4e et les 3e.
    Dans ce cas-là, un professeur de mathématiques certifié à 18h n’aura d’autres choix que d’avoir dans son service une classe de chaque niveau : une 6e + une 5e + une 4e + une 3e = 15h de service (pour le français cela donnera 17,5h). Sauf si dans son collège, il y plusieurs barrettes par niveau, ce qui concernera très peu de collèges selon moi et surtout des très gros collèges.
    Comment pourra-t-on compléter nos services dans ce cas-là ? Devra-t-on tous (les professeurs de mathématiques du collège) être en service partagé ?… Je trouve ça ubuesque et je suis pour ma part assez « désespéré » de m’imaginer avec 1 classe de chaque niveau et en service partagé…

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