Catégorie : GRAF

Groupe de recherche sur l’évaluation : le bilan

Le GRAF

Il y a quelques années je participais à un groupe de recherche sur l’évaluation de l’académie de Nantes. J’y présentais l’expérimentation d’évaluation sans note avec l’utilisation de scolatix.org comme je l’évoquais lors de ce billet.

D’autres billets ont suivi permettant de voir mon questionnement sur ce sujet illustré par ces journées GRAF :

Sur l’évaluation différenciée

Sur l’évaluation différenciée2

Sur la raison de l’évaluation

Sur l’autoévaluation

La bidouille des notes

Les échanges pro et anti-note

D’autres expérimentations y étaient présentées, notre réflexion commune a abouti à un document très riche que les inspecteurs nous ont donné.  Je pense que ce document doit être diffusé de par son intérêt sur la réflexion et la richesse des dispositifs.

Je vous propose donc de le consulter.

Les participants

Tout d’abord les participants sans qui ce document n’aurait pas eu lieu.

Les inspecteurs
Anne LE MAT, IA IPR de Sciences de la Vie et de la Terre
Alain GAUDEUL, IA IPR de Mathématiques
Yves BOURDIN, IA IPR d’éducation musicale

Les enseignants
BODET Adrien (Mathématiques)
BONNEAU Pierre (Sciences de la Vie et de la Terre)
BROCARD Myriam (Anglais)
CHANTOISEAU Stéphane (Français)
DURAND Arnaud (Mathématiques)
KERADENNEC Magalie (Mathématiques)
LEMONNIER Max (Éducation Musicale)
PELLEGRIN Anne-Isabelle (Sciences de la Vie et de la Terre)
PELLERIN Émilie (Sciences de la Vie et de la Terre)
PETIT Sylvain (Mathématiques)
PLAZA Nathalie (Histoire-Géographie)
REST Isabelle (Sciences de la Vie et de la Terre)
ROUILLARD Jennifer (Mathématiques)
ROYER Laurence (Mathématiques)
TURLAN Aurélien (Histoire-Géographie)

Le Bilan

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L’auto-évaluation : un moyen efficace de dialoguer avec l’élève?

reflexionfaite[sommaire]Ca y est, c’est  l’avant dernière réunion du GRAF sur l’évaluation. Deux années riches en enseignements et réflexions. Des individus avec qui on a eu plaisir de collaborer, de discuter, d’ « échanger« .

C’est la dernière ligne droite vers l’écriture finale de notre texte qui sera publié vraisemblablement sur la revue « échanger » de notre académie. Il fallait expliciter les exemples sur l’autoévaluation, la différenciation.

J’avais fait un tout premier jet très brouillon que j’ai donné aux inspecteurs. Je vais donc vous redonner une 2nde version que je vais m’empresser d’envoyer par email à mon IPR que voici :

L’auto-évaluation

Tout d’abord, qu’est-ce que c’est?

C’est tout simplement laisser le temps à l’élève de prendre du recul sur sa copie. En effet, s’auto-évaluer prend du temps et demande aussi à ce que l’élève puisse se relire consciemment :

pas une relecture orthographique mais une relecture pour comprendre les compétences mises en jeu.

Cela nécessite donc des énoncés d’items clairs et identifiables pour l’élève.

Panneau_attention.svgDes compétences globales sont donc à éviter, il faut les décomposer en savoir, savoir-faire et savoir-être qui sont parfaitement compréhensibles des apprenants.

S’auto-évaluer c’est écrire (communiquer) ce que l’on sait faire et ce que l’on pense ne pas savoir faire au vu de la copie que l’on rend. C’est prendre la mesure de ce que l’on a produit de manière précise.

Naturellement un élève est capable de savoir où il a échoué (quel exercice) mais beaucoup moins sur quelle notion il a échoué : un exercice difficile que bien peu d’élèves prennent le temps de faire.

Mise en pratique

Pour cela, un tableau sur le sujet affiche les items évalués comme le sont habituellement mes évaluations. (Les entêtes sont générés par scolatix.org).

A côté de cette colonne d’items, une colonne est réservée à l’enseignant, puis j’ai ajouté une autre colonne pour s’auto-évaluer.

Voici un exemple :

 autoéval

Du point de vue de l’enseignant, il n’y a donc pas d’autre chose que de produire des énoncés parfaitement clairs.

Le but de ce type d’autoévaluation :

Il permet de mettre en regard la perception qu’à l’élève de lui-même et de la perception qu’à l’enseignant de ce dernier.

 

En effet, en cas de différence flagrante, comme ici sur : « Effectuer une soustraction de nombre relatifs », l’élève est venue d’elle-même s’informer pour savoir pourquoi il y avait une erreur. Un dialogue constructif est donc né et c’est le but de cet outil. Comment aurais-je pu savoir sinon qu’elle pensait avoir cet item?


Bien entendu croire que tous les élèves s’approprieront cet outil est un leurre. Nombre d’entre eux peine à s’auto-évaluer ou même en voit un intérêt. La seule « carotte » que j’ai pu instaurer c’est d’en faire un jeu. « Essayez de trouver ce que je vais mettre! ».

Est-ce que cela permet de faire une relecture efficace pour tous les élèves?

La réponse est non, seule une petite partie s’en sert de manière efficace et raisonnée. Généralement, ce sont les bons élèves car ils ont le temps et ont assez de recul pour s’essayer à cette pratique.

Est-ce qu’il faut continuer?

Mais malgré tout je continue à mettre cette auto-évaluation à chaque évaluation. Pourquoi? La raison est simple, cela entraîne une partie des élèves à cette pratique, certains progressent dans ce domaine, ceux qui ont le temps, disons que c’est une différenciation du devoir  tout simplement.

Et vous, vous en faites ?

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Lorsque l’enseignant bidouille les notes

stylo[sommaire]Une journée du GRAF qui se termine, une journée forte intéressante, tant les débats étaient sérieux et argumentés.

Toujours ce Pierre, l’opposant à l’anti-notele groupe anti-note et… moi un peu entre les deux avec mon expérimentation scolatix où la note trimestrielle (que je voudrais annuelle ) est gardée mais où les notes ont disparu des devoirs.

Pierre, que j’apprécie beaucoup pour le rôle qu’il joue dans ce GRAF, celui qui oblige a poser le débat et éviter de perdre pied dans notre engouement à tout modifier. Il s’agit d’avancer en posant les idées solidement.

Le GRAF

outils_imagesJ’aimerais maintenant témoigner d’un passage important où les arguments contre la note furent vraiment intéressants qui relevait une pratique connue de nous les enseignants : la bidouille.

Replaçons-nous dans le contexte, les IPR présents nous demande de réfléchir sur le pourquoi de nos expérimentations sur l’évaluation par compétences.

note20scolaiPierre comme à son habitude relance ses arguments  « Je ne sais pas pourquoi la note serait catastrophique, elle a aussi des bons côtés et on peut évaluer par compétences avec des notes. Elle peut servir de récompense, et est en quelque sorte universelle (du point de vue de la compréhension)« .

La réponse fuse, moi et le reste du groupe anti-note « Que fais-tu des échecs qui pénalisent la note trimestrielle?« .

Sa réponse : « Et bien, si réellement c’est un accident, je mets non noté« 

Puis au fur et à mesure Pierre remet sur le tapis une idée que j’aime beaucoup (qu’un inspecteur il y a 4 ans m’avait évoqué lors d’un entretien) :

De toute façon, nous, les enseignants,  connaissons le mieux les élèves, on est capable de savoir quelle note trimestrielle correspondrait au niveau des élèves, il s’agit de la leur mettre si l’on veut.

En fait tout simplement nous faire confiance dans le jugement que l’on porte sur les élèves, nous sommes normalement expert en ce domaine.

Qui n’a pas entendu au conseil de classe,  » Je précise sa moyenne ne reflète pas son niveau, il a eu un accident, vraiment ça me désole qu’il ait cette moyenne » ou même « Il a loupé plein de devoirs, et donc il a une très bonne moyenne alors qu’il ne devrait pas« ?

Bref, on peste contre cette fabrication de cette moyenne, on peste car on se refuse de la contrôler.

Certains, comme Pierre, osent manipuler les notes pour que cela reflète le ressenti qu’ils ont de l’élève, d’autres se font violence et subisse le système de la moyenne au grand dame de l’enfant.

Pourquoi subir? Qui nous impose de faire une moyenne?

Ce que devrait refléter la note trimestrielle :

D’abord afin de ne pas enterrer la note j’aimerais avancer un argument de l’inspection générale :

« La note est … relative, peu fidèle, peu explicite. Et pourtant elle est admise par tous, élèves, parents, enseignants, chefs d’établissement. C’est le support de (presque) tout dialogue sur les acquis des élèves ».[1]

Il s’agit donc de se dire que la note est un moyen universel de dialogue, compréhensible par les allophones, et les personnes dont les appréciations leurs seraient incompréhensibles.

C’est là que notre petit groupe s’est scindé, j’étais comme Pierre favorable à l’utilisation d’une note bulletin qui pourrait évoluer tout au long de l’année. Pierre semblait donc convaincu par mon idée, mais il se refusera sûrement d’y adhérer totalement, j’étudierai les raisons après.

Bien entendu les professeurs de l’expérimentation sans note présents , nous ont affirmé qu’un bulletin sans note (avec des couleurs ou pour d’autres seulement avec des appréciations) que le conseil de classe se passait de manière identique et les parents regardaient d’avantage les appréciations.

C’est un atout certain. Mais pourquoi une note ne refléterait pas le niveau d’acquisition de l’élève (un pourcentage d’acquisition?) et l’appréciation se limiterait à décrire l’évolution de l’élève au cours du trimestre et son attitude face au travail et chez lui ( les compétences transversales et interdisciplinaires)?

 On garderait donc les mêmes bulletins de classe, mais la note représenterait exactement l’idée du niveau d’acquisition de l’élève.

Mais pourquoi Pierre ne passe pas à l’unique note représentant le bilan d’acquisition de l’élève?

Une histoire de … discipline

Tout est là! Pierre est un professeur des SVT, son programme lui est scindé en séquence autonome où les connaissances ne se chevauchent pas, les seules compétences transversales sont au nombre de 3 :  Réaliser, Raisonner, Communiquer. Elles sont d’ailleurs relatives au Socle Commun de Connaissances.

Une discipline où il est difficile de « spiraler », l’utilité de l’évaluation par items en devient diminuée. Ma discipline étant les mathématiques, spiraler les connaissances est aisé, et donc permet aux élèves de pouvoir récupérer des échecs…

Un collègue de sciences physique-chimie qui lui évalue comme moi selon l’expérimentation scolatix a les mêmes sensations que Pierre, néanmoins cela lui permet de voir les profils des élèves (ceux ayant plus d’aisance en électricité, optique ou chimie …)

A ceux qui disent qu’une note seule ne veut rien dire!

Je suis parfaitement d’accord!

C’est d’ailleurs le but de scolatix, avoir différents paliers de précision dans la visualisation du niveau d’acquisition :

  1. un global (la fameuse note ou pourcentage)
  2. un intermédiaire (les items sont regroupés en thème, on ne voit donc que le taux d’acquisition de chaque thème)
  3. un précis (on voit les acquisitions de chaque item).

directionLes expérimentations sans note, se sont confrontés à un dilemme :

  • avoir un livret de compétences avec beaucoup d’items qui rend difficile son appréciation globale. (il manque un bilan global pour les parents qui se questionnent en disant aux enseignants, alors c’est bien ou pas?)
  • avoir un livret plus succinct, mais quand il s’agit de sa voir précisément quoi retravailler, on sait plus. (Oui, d’accord la manipulation des nombres n’est pas acquise, mais sur quel type de nombre?Quelle opération?)

Cette journée m’a convaincu d’autant plus du bien fondé de mon expérimentation ou du moins de l’axe de progression choisi.

Et vous, vous en pensez quoi?objectif4

 

[1] : IGEN 2007, Les livres de compétences : nouveaux outils pour l’évaluation des acquis, inspections Générale de l’Éducation Nationale, Rapport à Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale

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