Le socle commun, quel avenir?

On y est. C’est la fin de l’année, les 3emes doivent valider le socle commun, le « sésame » qui doit clôturer le cycle du collège. Il y a 5 ans, déjà les inspecteurs nous parlaient de ce socle, à l’époque, ce fût un scandale, « 100% des élèves en sortie de collège devaient valider les 7 compétences », et de ne pas l’avoir empêchait d’avoir le brevet. Que faire des élèves qui même après avoir mis en place des dispositifs n’y arrivaient pas?

Aujourd’hui c’est différent,  le discours a changé, au contraire, le brevet valide le socle commun quoi qu’il en advienne. Il faut donc se concentrer sur le élèves qui ne sont pas susceptibles d’avoir ce brevet. Ces fameux 15-20% d’élèves qui ne l’auront vraisemblablement pas.

Mais d’abord, quel est le but de ce socle?

En regardant, les compétences de plus près, on souhaite que les enfants maîtrisent la langue française, pratiquent une LV2,  aient une culture et une attitude scientifique, maîtrisent l’informatique, aient une culture générale et enfin qu’ils soient responsables et autonomes. Bref qu’ils soient des individus prêts pour la vie active (quand on sait qu’ils doivent voter 3 ans après la 3eme).

Sur le papier, l’idée est alléchante, on recentre les efforts de l’école sur son but premier : éduquer au sens large.

Quel est le dispositif d’évaluation du socle?

Un enseignant du même collège peut valider les items pour les élèves dont il est le professeur.  Donc l’évaluateur a un parti pris dans l’évaluation.

Mais, on pourrait se dire :  » Comment valider autrement? Il faut voir les élèves dans l’action, juger de l’autonomie des élèves ne peut se faire que si l’on connaît les élèves ».

Effectivement, et c’est sans doute, là où se pose le problème du socle (non pas de l’idée mais bien de sa mise en place) :

– Les professeurs ne souhaitant pas s’ennuyer avec le socle, valideront tout

– Les principaux souhaitant faire monter les chiffres de l’établissement, valideront tout.

– La responsabilité partagée entre les collègues, (aucun n’est référent, pas de sensation d’être en faute si on n’évalue pas :  » D’autres s’en chargeront« )

Prenons un exemple concret, mon collège public se trouve dans la même ville qu’un collège privé. Malgré une entente cordiale pour transférer des élèves qui nous posent problème, c’est « la guerre » pour attirer les élèves dans le bon établissement. Si vous expliquez à Mme « Michu »  que le socle commun est un sésame pour les études et que dans ce collège là, ils l’ont tous alors que dans l’autre (qui fait bien son travail) certains ne l’ont pas, quel va être son choix?

 

La remédiation pose, aussi, problème.  Quelle remédiation peut-on proposer pour l’autonomie, à part les mettre en situation de l’être? C’est à eux et eux seuls que leur revient la possibilité de l’être. Comment peut-on apprendre à un élève à être autonome sachant qu’il sera justement dépendant de notre remédiation.

Prenons aussi les contraintes de l’emploi du temps pour les élèves et les enseignants volontaires pour la remédiation.

Avant de parler de remédiation, il faut aussi penser au suivi, il y a 5 ans aucun outil n’existait pour permettre le suivi des élèves pour la validation du socle commun, étrange d’ailleurs sachant que l’outil de validation du B2I était déjà en place. Un copier-coller de ce système aurait permis de « lancer » au moins un outil, certes peu ou pas pratique.

Actuellement des solutions sont apparues entre les payantes « pronotes » (nulle, interface pas du tout pratique!) et celles gratuites faites par les petits fonctionnaires sur leur temps libre : scolatix.org (moi,moi,moi!), OSIRIS …

Il est étrange de constater que le socle commun ait été mis en place sans ce type d’outils. Au début, je trouvais cela scandaleux de nous prendre pour des esclaves. Mais en réfléchissant à ce qui aurait pu se passer si tel avait été le cas, les enseignants auraient contesté l’outil ( « Il est nul », « Il est mal fait », et « Si je veux ça, on peut pas! », « c’était mieux avant ») , alors que la variété d’outils qui tourne autour du socle commun permet de faire un choix, un choix local, d’établissement. La possibilité de créer son propre outil permet d’adapter un système à une politique locale.

On touche là, à la liberté pédagogique, on nous a laissé libre de choisir, il est marrant de voir que certains enseignants trouvent cela inadmissible (j’en faisais parti… )….

En conclusion, c’est une bonne idée, mais difficile à mettre en place. Maintenant que des outils ont émergé, il serait souhaitable d’uniformiser le système de suivi et d’avoir un contrôle sur l’objectivité des évaluations. A ce dernier problème, je vois difficilement une solution.

A propos de l'auteur :

Enseignant de mathématiques : collège Belle-vue de Loué Membre de l'équipe du "Rallye mathématique de la Sarthe" blog : mathix.org

a écrit 1113 articles sur mathix.org.

Vous avez aimé cet article ? Alors partagez-le avec vos amis en cliquant sur les boutons ci-dessous :

Licence Creative Commons