Plus de brevet, et si on y pensait?

 [sommaire]Voilà, je reviens d’un séminaire sur le socle commun organisé le 28 mars par CRAP, Cahiers pédagogiques, SGEN-CFDT et Se-UNSa. Journée intéressante qui s’est terminée par le venue d’un représentant de la DESCO qui a écouté nos proposition pour la refondation de l’école. Je remercie d’ailleurs le Se-Unsa de m’y avoir invité.

Une journée pour construire l’école de demain.

L’après-midi, je me suis retrouvé dans un atelier portant sur la validation du socle commun. La question s’est posée sur la pertinence de notre brevet. J’ai même repris le lendemain cette discussion avec le secrétaire de mon collège qui  a apporté son point de vue de parent et d’agent administratif.
En voici les grandes idées.

I. LE BREVET POUR QUI?

Diplome national du brevet
Questionnons l’évidence! On me répondra « les élèves bien sûr! Qui d’autre?« . L’argument du premier examen officiel, ce fameux examen que beaucoup d’élèves doivent passer pour s’ « habituer » à en passer : le rite initiatique…..

L’argument un peu bancal se tient, il est vrai que cet examen est une sorte de point culminant de la scolarité obligatoire, il en est en quelque sorte l’achèvement, la passation d’une épreuve finale correspond au rite instigateur de changement chez notre élève mais ceci relève d’une autre question que j’analyserai plus tard.

Afin de préciser, mon interrogation, j’en soulèverai une autre :

Quel usage du brevet, les élèves en font-ils?

Réfléchissons bien, ceux qui vont au lycée, il n’est pas obligatoire et généralement les élèves qui y vont avec l’aval du conseil de classe n’en auront pas besoin dans leur avenir proche car ils passeront d’autres diplômes : CAP, BAC-Pro,BAC-technologique, BAC-général…

Mais alors pour qui devrait-il être important?

Simplement pour ceux qui quittent le système scolaire à l’issue de la 3e. C’est leur seul diplôme et pour la recherche d’un apprentissage, les « patrons » demandent à ce qu’ils l’aient. Et pourquoi le demandent-ils? Parce qu’il n’existe que ce diplôme!

Donc la population d’élèves pour qui le brevet est essentiel se résume aux élèves qui vont quitter le système scolaire. D’ailleurs c’est un argument en faveur du maintien du brevet ou du moins d’un diplôme couronnant cette scolarité.

II. REPENSER LE BREVET ?

brevet-college-549727-jpg_376846A l’heure actuelle, le brevet se résume grossièrement, à 3 épreuves écrites, une orale et une moyenne (sans compter l’Histoire-Géographie) de l’année de 3e.

Est-ce un indicateur fiable pour les « patrons » qui recherchent aussi des élèves ayant de l’autonomie?

Vous savez, ces fameux élèves « dégourdis » que nos patrons reprendraient en stage plusieurs fois, s’il le fallait.

L’autonomie, la prise d’initiative, la capacité à mener un projet sont autant de compétences importantes en milieu professionnel, et pour ces élèves qui vont s’y confronter assez tôt, il est essentiel qu’elles soient visibles.

Vous voyez où je veux en venir ? Tout simplement : le socle commun…. ou plutôt les piliers 6 et 7 de ce socle.

Le brevet lui, n’atteste que de la validation d’un certain nombre de connaissances, mais en aucun cas, de savoir-faire et bien peu de savoir-être.

Bref, nos élèves qui vont sortir du cursus scolaire parce qu’ils ne sont pas « scolaires » ne pourront pas mettre en avant des compétences qu’ils ont.

III. OUI MAIS CELA NE PEUT PAS S’ÉVALUER LORS D’ÉPREUVES FINALES!

C’est le nœud du problème, ces compétences ne se valident que sur des projets que l’on peut seulement effectuer sur l’année en cours ou passées.

Par exemple, lors des épreuves du rallye mathématiques, la prise d’initiative est importante, et l’on repère rapidement ces compétences acquises chez certains élèves, généralement ceux qui ne sont pas « scolaires ».

Le brevet est-il donc utile sous cette forme? La validation du socle-commun ne revêt-elle pas une meilleure adéquation à la demande des « patrons pour les apprentissages »?

Et si l’on rendait aussi important ce socle que le brevet, voire même plus important?

Il faudrait un « examen » qui valorise ces élèves qui ne peuvent pas être évalués sur des épreuves ponctuelles.

 IV. EN PLUS, LE BREVET PARASITE LE TRAVAIL DU SOCLE

C’est le constat fait en atelier, les professeurs d’histoire-géographie font leurs programmes de 3e au maximum car le brevet nécessite des connaissances de 3e. Ils n’ont que peu de temps pour créer des travaux de groupe, ou même des travaux en autonomie.

En mathématiques, on est un peu plus à l’aise, les programmes ne sont pas trop lourds et le brevet ne concerne que quelques points du programme de 3e mais surtout celui de 4e. Mais néanmoins cette crainte est toujours présente (et si le brevet était plus dur?)

image020Mais c’est un fait, la peur de ne pas finir le programme parasite les bonnes volontés de vouloir faire des travaux laissant de l’autonomie à l’élève, avoir du temps pour qu’il se trompe! En gros, pas le temps, Je dois me concentrer sur  toutes les connaissances qu’ils doivent avoir même très pointues.

Bref, le socle commun de connaissance ne peut pas se travailler s’il y a à la fin un examen faisant un état d’acquisition du programme (et non du socle) à la fin de la scolarité obligatoire.

Donc la suppression du brevet  ou un abaissement du brevet au socle semble inévitable.

Bien entendu garder à l’esprit que le programme est obligatoire pour les élèves continuant la scolarité doit rester à l’esprit!!

Je m’insurgerai du contraire. Mais accepter que des élèves n’aient pas le programme et n’aient que le socle commun et qu’ils puissent être valorisés à la fin de leurs scolarité en 3e, me paraît être une évidence!

V. OUI MAIS LE BREVET EST NATIONAL ET PERMET AUSSI DE VOIR PAR LES STATISTIQUES LES COLLÈGES QUI ONT BESOIN D’ « AIDE »!

Oui c’est certain, un examen national permet par le biais des statistiques de voir les collèges qui ont des taux faibles de réussite au DNB.

J’y mettrais un bémol, la docimologie des examens montre aussi que des écarts existent entre des correcteurs sur des copies identiques et ce malgré un barème précis. Mais c’est ce que l’on a de plus « objectif ».

Mais alors pourquoi ne pas penser à des évaluations nationales à la place du brevet un peu comme les évaluations de 6e? Histoire d’avoir des indicateurs de réussite? Pourquoi ne pas faire ces évaluations après la 3e? (Certains pourraient se demander, mais les ceux qui en sont sortis ? Et bien, ils ont trouvé leurs voies et ne sont normalement pas déscolarisés, donc …)

VI. DONC PAS D’EXAMEN FINAL? QUID DE LA FIN DE SCOLARITÉ AU COLLÈGE?

portfolioC’est aussi l’enjeu de la 3e, l’aboutissement de la 3e. Certains confrères de l’atelier ont lancé des idées, entre autres celle du porte-folio m’a beaucoup séduite.

Il s’agit en fait d’un classeur de réussite, où les élèves mettent leurs projets réussit (allant des projets aux contrôles réussis.).

En harmonisant la forme de ce classeur au niveau national sans doute pourrions-nous créer le « chef d’oeuvre » scolaire personnel de chaque élève? Un rite initiatique où cette œuvre devrait être montrée, affichée.

Une idée à creuser….

Bien entendu ce sont des idées,

j’aurais peut-être changé d’avis d’ici là,

mais cette perspective de la disparition du brevet

pour affirmer le socle commun me plaît vraiment  pour l’instant.

Et vous?

 

A propos de l'auteur : blank

Enseignant de mathématiques : collège Belle-vue de Loué Membre de l'équipe du "Rallye mathématique de la Sarthe" blog : mathix.org

a écrit 1113 articles sur mathix.org.

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Un commentaire

  1. Très intéressant, encore une question pas facile, dur de bousculer les vieilles habitudes de profs!
    j’ai une famille de profs de maths de génération en génération, je sais de quoi je parle :-)!

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