Facebook, Google+ : l’identité numérique

Ca y est! J’ai rejoint l’Italie, pour quelques jours près de Florence, le petit village de Borgo San Lorenzo (comprendre en bon français « bourg saint laurent »). Mon amie qui m’héberge est aussi enseignante en mathématiques, et elle m’a montré un travail que son papa a fait (lui aussi enseignant en Mathématiques) sur les dangers de Facebook ou plus simplement des réseaux sociaux.

I.Le contexte

Le public collégien est particulier, l’adolescence est un passage vers la construction de soi comme une identité rattachée à un groupe. En effet facile de voir des adolescents qui veulent ressembler à un camarade soit en pensant comme lui, soit en s’habillant comme lui. Il est d’ailleurs intéressant que les réseaux sociaux  soient envahi par tout d’abord des adolescents.

La raison est donc apriori simple, nos chers élèves ont d’abord besoin de s’affirmer dans un groupe et Facebook permet de combler ce besoin d’une manière nouvelle et plus simple.

Il est en quelque sorte, la continuité de la cour de récréation. Ceci malheureusement rentre en totale contradiction avec la génération précédente où le retour en famille annonçait une « pause » dans ce groupe d’adolescents, vers un retour aux valeurs stables de la famille, une sorte de retour aux sources, sécurisant pour l’enfant.

En effet, l’appartenance à un groupe provoque une mise en danger de soi, par la peur de la non-acceptation, qui d’ailleurs entraîne des conduites à risques allant de la simple insolence face à l’autorité aux conduites addictives (cigarette alcool …) tout ceci en vue d une acceptation. Donc on peut penser qu’apriori Facebook peut exacerber ce type de conduites.

II.Facebook, un danger ?

Oui, Facebook est dangereux, comme l’est MSN ou le sont les forums de sites quelconques. On peut rencontrer des inconnus directement sur le net, nos chères têtes blondes pensent rencontrer un ami de leur âge et malheureusement on peut avoir quelques surprises.

Je pensais, il y a quelques mois, que ces pratiques de recherches d’amis virtuels étaient très marginales. Mais à la suite d’une colonie dont j’étais animateur, on s’est rendu compte que 5 personnes sur les 29 s’étaient adonnées à ce genre de pratiques. Toutes étaient des filles. Et 2 d’entre-elles ont rencontrés leurs « amis » en vrai.

J’avoue cela m’a fait froid dans le dos, et la question : « Tes parents étaient au courant? »  trouvait réponse négative.

C’est un danger réel, les spots publicitaires y trouvent leur utilité.


Ensuite vient les appels à la violence, à l’insolence et au parjure, véritable tendance actuelle qui ne trouve pour l’instant que bien de peu de limite.  Je me rappelle un matin où j’ai appris qu’un groupe d’élèves avait créé un « groupe » contre un certain Théo. Même si nous, enseignants, avions réagi rapidement, le « groupe » sur Facebook  a été fermé 2 jours plus tard. Le mal était fait, l’étiquette est posée sur ce gamin comme étant un paria. Celui-ci n’a pas fait sa 5e dans notre collège.

Les parents considèrent à tort que Facebook est un endroit privé et qu’il n’ont pas à s’immiscer  à l’intérieur. C’est parfaitement entendable de vouloir laisser un espace privé à nos enfants. Mais qui peut contrôler ce qui s’y passe pour éviter les débordements? La sensation d’espace privé de l’enfant n’entre-t-il pas en contradiction avec le fait que les données sont dans un espace public et que le contrôle à postériori est très difficile? (voir un exemple ici )

C’est là le véritable problème, il n’y a pas d’acteur qui puisse contrôler les agissements. Imaginons une cour de récréation sans surveillant, il est difficile qu’en une semaine, il ne se passe rien de grave!

Les seuls acteurs potentiellement capable de pouvoir intervenir dans ce milieu sont les parents. Si les parents ont la sensation de voyeurisme à voir ce que font leurs enfants sur Facebook, quelle sensation, nous enseignants, pouvons-nous avoir? Car c’est amusant de voir que certains parents ont ce genre de propos :

– « Vous regardez ce que font vos enfants sur Facebook?« 

– « Non, car j’estime que c’est leur endroit propre à eux…« 

– « Qui surveille s’il n’y a pas de dérive ou si ne rencontre pas des inconnus?« 

– « …, je ne sais pas moi, vous peut-être? « 

Bien sûr, il faut avoir le temps pour faire cette veille informatique que certains parents n’ont pas mais quelle autre solution avons-nous?

La privation de Facebook?

III. S’extraire de Facebook…

Bien, imaginons que la solution plutôt que d’accompagner son enfant dans l’utilisation de Facebook, nous privions celui-ci de son usage. Deux issues possibles :

– celui-ci va sur Facebook en cachette : Pas d’accompagnement, pas de dialogue avec les parents, et donc tout danger possible…

– celui-ci va sur Facebook une fois un peu plus grand, il le fera seul, sans accompagnement, et refusera tout conseil du fait de son âge.

Nous sommes donc dans une impasse.

La solution est donc bien un accompagnement sur l’usage de Facebook. Renier un changement de la société est bien plus dangereux à mon sens que d’accompagner le mouvement pour en « rectifier le tir » .

La société change, il devient usuel de posséder une identité numérique en plus de notre identité physique. (voyez j’écris cet article sous mon propre nom, voyez aussi les réseaux professionnels)

IV. L’identité numérique, Facebook ou Google+ deviennent une nécessité?

A priori, non, l’identité numérique n’est pas à mon sens une obligation. Mais il faut savoir alors accepter les désagréments de sa non-utilisation.

Tout d’abord, le vol d’identité étant de plus en plus courant, le meilleur moyen que quelqu’un ne se fasse pas passer pour vous est justement de vous créer cette identité. Les homonymies apparaîtront rendant plus méfiant vos amis pour vous retrouver. Ils iront plus difficilement vers le mauvais homonyme et avec réflexion, ils iront vers le vôtre.

C’est un des premiers points qui m’a conduit à me créer cette identité en mon vrai nom : Arnaud Durand. Non pas que je regrette que mes parents m’aient attribué un prénom assez courant, mais avec un nom aussi courant, je dirai que ça n’est pas très original… De plus, quelques enseignants et chercheurs en Mathématiques se nomment aussi Arnaud Durand. (Tapez « arnaud durand »  sur Google). Afin d’éviter tout quiproquo , il a été nécessaire pour mon cas, de me créer cette identité.

Etre présent sur quelques réseaux sociaux (Google+ Facebook) est utile afin que l’on me reconnaisse par mon groupe de connaissances autrement comment différencier deux « Arnaud Durand »?

Les réseaux sociaux  permettent donc « vérifier une identité » par relation de confiance.

Par exemple : « Tiens Marie-Tatiana Forconi connait Arnaud Durand donc c’est bien celui-là que je connais« 

Bien entendu, mon identité numérique n’a d’utilité que dans le fait que j’écris dans le domaine public (sur la toile)  des articles en mon nom, pour les adolescent l’intérêt est d’être reconnu dans le groupe d’amis sur la toile :

Facebook et Google+ me permette seulement de lier mon identité numérique à mon identité réelle.

Outre l’utilité légère que Facebook et Google + sont des outils de sociabilisation, ils sont avant tout pour moi des outils de reconnaissances sur la toile. Ils permettent de vérifier l’identité de la personne.

V. Conclusion : Réseaux sociaux ou professionnels utiles pour le contrôle des identités…

Facebook et Google+ ont donc une utilité de reconnaissance au sein de la toile.

Bien sûr, il ne serait pas correct de ne pas parler des dangers de données confiées à un tiers. Il faut être averti  que Facebook et Google+ ont tout pouvoir sur les données que nous transmettons sur notre profil. Il suffit d’en être conscient.

Je parlerais aussi des réseaux sociaux décentralisés (qui acceptent des serveurs personnels) comme Diaspora.C’est, en gros, une copie en licence libre de Facebook mais que l’on peut mettre sur son serveur (un ordinateur chez soi constamment allumé).

Le stockage des données est une problématique majeure du début du 21ème siècle qui s’appuie sur une confiance dans le tiers à qui vous concédez vos données afin qu’elles soient « partagées » .

Ma conduite à l’heure actuelle vis-à-vis des réseaux sociaux est d’y être présent. Je laisse quelques photos de vacances ne faisant quasiment pas intervenir de personnes. Mon profil est très succinct, et quelques photos de moi afin que l’on me reconnaisse et c’est tout : pas d’adresse, pas de téléphone… Des éléments que j’estime non préjudiciable envers ma personne et je veille au grain sur les commentaires.

Ce blog lui m’appartient, j’y laisse ce que je veux mes avis etc… Peut-être j’envisagerai l’auto-hébergement qui me rendra encore plus maître de mes données (car sachez que les mails que vous recevez sont stockés chez votre fournisseurs d’accès ou Google ou Hotmail …), mais l’entretien d’un serveur demande du temps et  n’avoir plus tous ses mails quand on est en vacances parce que son serveur a crashé à 500km de chez soi, c’est énervant….

Bref l’usage des réseaux sociaux est utile, requiert prudence et justement un enseignement à nos chères têtes blondes. Prendre conscience de ce qu’est internet, un espace neutre où tout est publié et de manière définitive.

Voyez par exemple Google qui se souvient de la page d’accueil de mon site : http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:mathix.org

Dites-vous que Facebook ou Google+ fonctionne de manière identique….

Une prise de conscience que nos élèves doivent avoir…

La bande annonce du film « social-network », expliquant la naissance de Facebook.
Ce film permet de comprendre et de réaliser que c’est une entreprise et qui fait du bénéfice. (Une question à poser aux élèves, comment l’entreprise Facebook fait-elle du profit?)

Il permet aussi de mettre en avant cette envie d’être sur facebook pour faire parti d’un groupe de relations :

A propos de l'auteur : blank

Enseignant de mathématiques : collège Belle-vue de Loué Membre de l'équipe du "Rallye mathématique de la Sarthe" blog : mathix.org

a écrit 1113 articles sur mathix.org.

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4 commentaires

  1. « Il suffit d’en être conscient » est une phrase bien rapide et qui ressemble presque à une excuse. Je peux témoigner que très peu d’utilisateurs de Facebook (ados ou pas) réalisent l’étendue de ce pouvoir de contrôle… de la position géographique à la liste des amis, des rencontres, des documents et articles lus, des e-mails écrits ou reçus, de l’ensemble des conversations d’une personne, et surtout le pouvoir de contrôler presque tous ces flux, on ne laisse plus beaucoup de place pour le développement de la personnalité… voir Eben Moglen à ce sujet, https://secure.wikimedia.org/wikisource/en/wiki/Author:Eben_Moglen

    Quant à l’identité au travers du réseau social, n’oubliez pas qu’elle a de graves limitations:
    https://www.eff.org/deeplinks/2011/07/case-pseudonyms

    En conclusion, je trouve vos réflexions intéressantes et je suis heureux que vous preniez le problème à cœur. Je reste simplement sceptique quant aux éléments de réponse dans ce billet.

    1. Tout d’abord, pas de méprise, je ne pose pas ma réflexion comme la ou une solution. Ma conclusion portait sur l’usage des données pour créer une ouverture à mon sujet (sans doute, mon écriture est maladroite,je débute dans ce domaine).
      Bien sûr limiter la réponse à cette problématique à « Il suffit d’en être conscient » , est un raccourci. D’ailleurs j’ai, aussi, mis en avant l’auto-hébergement, une solution viable pour la gestion de données (et encore, ça a aussi des limites car les données passent par les FAI qui même soumis à des devoirs de neutralité ne sont pas forcément de confiance…).
      Je voulais mettre en avant l’utilité et le besoin possible d’une identité numérique. Quand je parle d’identité numérique, je parle bien de noms réels et non de pseudonymes. D’ailleurs, les blogs ont créé l’explosion de ce type d’identités factices, Facebook et Google+ ont justement remis à l’honneur l’identité réelle la rattachant l’identité numérique. Les jeux en ligne, eux, continuent de propager les pseudonymes. Il ya donc bien une différence entre Facebook Google+ et les jeux en ligne dans l’usage des identités.
      D’ailleurs à ce propos,j’observe que lorsque des personnes commencent à s’affirmer sur la toile, ils changent leurs pseudonymes pour leurs vrais noms, ces personnes sont issus de la génération blog. Quelques exemples : Cyrille Borne (anciennement debutgland), moi-même (biginoz), Manuel Dorne (Korben)…
      Peut-être y-a-t-il la génération blog et la génération Facebook?
      Bien sûr il serait osé d’en faire une généralité, c’était une réflexion de dernière minute…

      Faire un article sur la gestion des données sur les réseaux sociaux est pertinent, mais ce n’était pas mon but. Je voulais juste détailler un aspect des réseaux sociaux comme affirmation de soi dans la toile vis-à-vis d’un groupe qui fonctionne bien différemment d’un blog qui lui est individualiste et sujet à tout public.

      Merci d’avoir pris le temps de me lire et de me répondre.

  2. Vous avez raison.

    En fait pour moi il y a plusieurs problèmes qui se mélangent dans cette situation précise :
    – le manque de contrôle parental des jeunes ados lorsqu’ils utilisent Internet ;
    – le manque de contrôle des utilisateurs des réseaux sociaux propriétaires sur leurs données ;
    – les conséquences positives et négatives de l’anonymat et du pseudonymat.

    Ce sont, à mon sens, trois problèmes fondamentalement distincts, tous apparents et mêlés au moment où un gamin de 6ème agrandit sa liste d’amis ou google son prof.

    Je vous suis pleinement dans vos réflexions — j’avais simplement peur que l’on tente de résoudre l’un de ces problèmes avec la solution de l’autre…

  3. « – le manque de contrôle des utilisateurs des réseaux sociaux propriétaires sur leurs données ; »
    Je crains que ce soit contradictoire : je ne vois pas quel contrôle peut-on avoir sur de données confiées à un tiers qui se dit propriétaire du réseau social.

    De toute façon quoique l’on fasse outre l’autohébergement, il y aura un problème avec les gestions des données personnelles. L’identité numérique est donc en somme en danger, d’où le fait de limiter les informations que l’on affiche sur la toile.

    Malheureusement, l’autohébergement :
    – demande du temps.
    – demande des connaissances que nous sommes tous loin d’avoir.
    – n’étant pas expert, un serveur autohébergé est plus susceptible d’être piraté
    – un serveur autohébergé, ne possède pas un débit monstrueux ( dsl asymétrique) sauf si on possède une connexion dsl symétrique mais alors le coût est très élevé et donc inaccessible pour la plupart des personnes.

    L’idée du pseudonymat est pour moi dangereuse, elle associe le net à l’idée d’un jeu vidéo où l’on possède un pseudo aussi ce qui pour moi engendre justement les dérives de délations, discrimination etc : on se retrouve dans la cour de récréation.

    L’identité réelle sur la toile permet au moins de limiter ce type d’action les rattachant au réel et leur conférant un « poids ». Ce n’est pas un acte fortuit que d’insulter les gens même s’il s’appelle arno02 etc, non?

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