Catégorie : Réflexions

Susciter un intérêt sur un exercice mathématique par l’amusement?

En plein travail autour d’un rallye scientifique (un article bientôt présentera l’activité, une fois qu’elle sera testée), nous étions dans la perspective de créer 5 énigmes mathématiques. Notre projet s’inspirait grandement du rallye mathématique de la Sarthe.

Ici, les énoncés sont clairs et épurés ne laissant pas de place au doute.

 

Notre premier jet donc ressembla beaucoup à des énoncés type ceux d’un livre classique, peu attractif au premier abord, l’intérêt de les effectuer n’est donc seulement que l’idée de compétition entre les classes.

Lors d’un rallye, doit-on  proposer des énoncés que l’on peut faire en classe?

Notre cher collègue de SVT a lui proposé sa première énigme autour de l’ornithorynque.

ornithorynqueL’énigme raconte l’histoire d’Ornitho Virenque (ouh! le jeu de mot) qui recherche ses origines et le travail des élèves est de créer la carte d’identité d’Ornitho.

Bien sûr, l’objectif des élèves est de la remplir et d’un coup d’oeil bien avisé, on remarque que l’on demande le type d’espèce qui est le cœur de l’énigme.

L’histoire est attrayante, l’envie vient d’elle-même pour résoudre le problème posé, la notion de compétition n’est plus le seul moteur.

Un peu dépité, nous avons décidé de tout refaire, enfin plutôt de « dynamiser » le contenu de nos énigmes.

Notre premier jet:

Voir en plein écran

I.Dynamiser un problème, en le contextualisant de manière simple.

Notre idée a été donc de trouver un personnage auquel les élèves pouvaient se référer et qui veulent aider. L’idée est d’amuser en racontant une histoire, provoquer une motivation en piquant au vif la curiosité.

Contextualiser permet aux élèves d’entrer dans l’exercice, en suscitant de l’intérêt.

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Trouver le personnage a été un peu laborieux, jusqu’à ce que je me rappelle les missions mathématiques de mon frère (Julien Durand), qui met en jeu les personnages de l’âge de glace (attention l’utilisation des images est soumise aux droits d’auteurs).

Scrat, est un personnage attachant, drôle et le mettre dans des situations loufoques permet l’acceptation de problèmes loufoques.

 

Quel est l’intérêt de calculer la hauteur du bâtiment de la cantine du collège sauf si le gland de Scrat est sur le toit et que Scrat ne grimpe sur quelque chose que si celui-ci est moins grand que 3m20?

 

La contextualisation est simple et n’empêche pas la compréhension du problème, au contraire, elle augmente l’attention portée au problème.

II. Notre deuxième jet

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Cela a duré en tout et pour tout, 30 mn pour améliorer les énigmes.

Les histoires ont été simples à trouver et à illustrer.

Les images ont permis aussi d’aérer les énigmes et de favoriser les « respirations » lors de la lecture des énoncés.

 

Voici le second jet :

 

Voir en plein écran

 

III. Conclusion

Un système simple pour créer de la motivation autrement que par la compétition. Avoir ses personnages, et les mettre dans des situations mathématiques concrètes.

Pour finir une mission mathématique de mon frangin (Julien Durand), il a refait pour faire écho au film mission impossible 4, une bande annonce.

 

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Socle commun : apprendre à lire l’actualité

Tout d’abord l’idée d’écrire cet article m’est venue en lisant un article sur ce blog.

En introduction, je vous laisserai regarder cette fameuse information du 9 janvier.

« Le graphique fait peur, une chute vertigineuse de l’euro, de quoi bien effrayer quelques auditeurs assidus de ce journal télévisuel. »

Mais avant toute chose regardons la vidéo, positionner le curseur à 1’30 et vous verrez le fameux graphique.

Avez-vous remarqué l’échelle utilisée? Déjà on ne montre qu’une portion de l’axe des ordonnées et l’échelle est extrêmement réduite, nous parlons d’une chute de … deux millièmes d’euros. Bien sûr pour des échanges se livrant en milliard d’euros la somme peut-être substantielle, mais ne parlons pas de crise! Y-a-t-il vraiment une utilité à ce graphique?blank

I. Le socle commun

C’est sans doute cela, l’utilité du socle, se faire sa propre opinion des faits d’actualités. Être autonome, pouvoir analyser l’actualité sans dépendre de quiconque.

Depuis quelques temps,  France 2 se livre à un exercice intéressant, une analyse des faits est proposée, ce n’est pas Pujadas qui nous livre son interprétation mais un « expert« , sorti de je ne sais d’où.

On a envie de faire confiance, mais quand on sait que l’autorité experte est sans doute la plus haute autorité qui soit. Voyons l’expérience de Milgram, qui sous la simple emprise d’une autorité experte arrive à ce qu’un une personne tue un autre homme, doit-on se laisser aller?

Bien sûr, l’analyse de ce graphique requiert bien un recul mathématique, le graphique apparaît rapidement, il faut être prêt à regarder l’essentiel : « l’échelle« , alors que notre œil serait bien plus attiré par l’aspect globale de la courbe.

Préparer nos jeunes enfants à analyser l’actualité requiert bien plus qu’un bagage mathématique :

– une culture historique et géographique.

– un bagage mathématique (voir l’aspect statistique)

-un bagage culturelle scientifique (dans l’art de pratiquer les sciences)

– être autonome, prendre des dispositions pour rechercher l’information.

La société moderne s’oriente vers une politique du chiffre, bien entendu pour analyser les chiffres (et dire que chiffre vient de sifra qui a aussi donné le mot zéro et « chiffré« , dans le sens « crypté« , « qui sème la confusion« !),  ce bagage mathématique est donc très important.

 

 

II.Un exemple Russe

La semaine du 4 au 11 mars 2012, lors des élections présidentielles russes, la chaîne info pro-Poutine Russie-24 a montré que la participation dans la région de Rostov était de 146% : « Russie Unie » a récolté 58.99% des voix, le Parti communiste 32.96%, « Russie Juste » 23.74%, le Parti libéral-démocrate 19.41%, « Pomme » 9.32%, « Patriotes de Russie » 1,46% et « Juste cause » 0.59%. Total : 146.47%.

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III. Un exemple de chez nous

Voici un graphique qui a été présenté par François Lenglet pendant l’émission Des paroles et des actes sur France 2 le 12 janvier 2012. Il voulait montrer les dépenses publiques en pourcentage du PIB, aux États-Unis, en Allemagne, dans la zone euro et en France.

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Tout d’abord, on remarque que la borne supérieur de 100% n’est pas visible.  La France paraît au premier abord, très en difficulté, les dépenses publiques nous paraissent équivalentes au PIB, mais il n’en est rien.

Et ce n’est pas fini! Regardons les rectangles des États-Unis et celui de la France, celui des Américains est deux fois moins grand par rapport au  notre, ce qui suggère que pour les pourcentages c’est le même rapport! 41,9% est-il deux fois moins grand que 56,2%?

Mais encore mieux, en regardant les rectangles on pense que la différence entre les États-Unis et l’Allemagne est la même qu’entre la zone Euro et la France, or pour l’un c’est 3,6% et pour l’autre c’est 7,4%…

Voilà ce qu’on aurait dû voir…

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Bref un graphique qui ne voulait rien dire… Que penser du message que l’on souhaitait nous faire passer?

 

 IV. Les médias…

Les médias de plus en plus proposent une analyse avec des schémas  à l’appui pour permettre de rapidement jauger la situation, malheureusement parfois les illustrations sont alambiquées et les explications complètement floues, ce qui ne nous donne pas d’autres choix que de croire.

Enfin pour finir, régulièrement les journalistes parlent de pourcentages d’augmentation ou de réduction sans jamais préciser la date de référence sur laquelle on s’appuie…

 

Il est primordial de créer un esprit critique chez nos élèves, il faut leur donner les moyens de se faire leurs propres opinions….

(voir aussi)

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sources utilisées :
http://images.math.cnrs.fr/Graphiques-frelates.html
http://www.apprendre-en-ligne.net/blog/index.php/2012/03/10/2012-taux-de-participation-146

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Quand l’intello écrase ou tire la classe vers le haut…

Encore ma petite classe de 6e qui me tracasse, je m’interroge sur l’impact des élèves forts sur le reste de la classe. Parfois ils sont de parfaits moteurs et parfois des inhibiteurs. Qui n’a pas eu ce petit Gaëtan (nom d’emprunt)  sur qui on se repose pour faire avancer le cours, celui qui nous sauve quand on rame lourdement? N’avons pas entendu alors ce genre de réflexions :

«  De toute façon m’sieur, Gaëtan aura la bonne réponse, pas b’soin d’ se triturer »

« J’ suis sûr que j’vais y arriver com’ Gaëtan ! »

blankToujours en travail sur l’évaluation, je lis des ouvrages « sérieux ». Je m’étais toujours refusé de lire des ouvrages portant sur l’éducation, je souhaitais me faire mes propres idées et les tester, d’ailleurs le projet scolatix en est né comme les problèmes d’estimations, le rallye scientifique avec leurs objectifs pédagogiques et didactiques précis.

J’avais peur que les lectures stéréotypent mes idées, je pensais qu’il fallait une certaine expérience professionnelle avant de lire des ouvrages pour prendre du recul.

Coup de sang, je saute le pas, direction une librairie, deux thèmes : histoire des sciences et évaluation (« L’évaluation, une menace, édition puf »).

Lire c’est bien aussi, cela permet de mettre des mots sur des sensations que l’on a en classe. Mettre des mots sur un maux, c’est le premier pas pour le guérir, non? C’est le diagnostic.

Ici, dans le livre, je n’étais pas d’accord avec l’analyse (pas d’association entre notion de  réussite et acceptation dans un groupe), mais l’histoire contée était parlante, d’ailleurs je vais l’utiliser.

Passons , allons sur les idées …

I. L’élève s’évalue par rapport au groupe.

a) Introduction

Qui n’a pas entendu quand il a rendu des copies « Ouah! T’as eu plus que moi » « Rah, J’t’ai battu » , les fameux élèves qui comparent leurs copies.

Ils n’ont qu’une envie, c’est de se situer dans la classe, savoir dans quel sous-groupe ils appartiennent :

Les faibles, les moyens, les forts.

La sensation est innée, tout individu que nous sommes, nous avons besoin de savoir quelle place ou plutôt quel rang nous occupons dans la société. Notre micro-société qu’est la classe est régit par les mêmes lois.

En tant qu’enseignant, on ne peut pas faire grand chose face à cette attitude (d’ailleurs on agit aussi inconsciemment comme eux, on les « classe »).

Ce type d’évaluation par rapport aux autres s’appelle l’évaluation sociale.

Il s’agit donc de l’utiliser comme outil.

Voyons les deux fonctionnements de ce moteur, quand il inhibe ou quand il stimule les élèves.

b)Les références pour classer sa performance

Tout se joue sur l’élève fort, et parfois aussi l’enseignant quand c’est lui le modèle.

Il s’agit d’observer le lien qu’ont les élèves faibles avec ce modèle.

Traitons des exemples de relations entre notre Téo (élève faible) et notre Gaëtan (élève fort) .

Je vous proposerai tout d’abord une situation ludique, on donne un ballon aux élèves. Sans consigne, notre Téo essaie de jongler le plus possible , 1…2…3 puis le ballon touche le sol. Il évalue sa performance à 3 jonglages (il cherche déjà à évaluer sa performance).

Il regarde Gaëtan 1..2..3..4..5..6..7..8..9..10..11 et le jonglage s’arrête. Téo se dit donc qu’il est mauvais, il a évalué sa performance par rapport à celle de Gaëtan. L’évaluation sociale est donc mise en œuvre sans intervention de la part de l’adulte.

Par cet exemple succinct, j’espère vous convaincre que l’évaluation sociale est omniprésente et n’est pas liée à l’adulte.

blankRevenons à un cas plus classique d’évaluation officielle, ici, trois « modèles » sont en jeu,

  •  l’élève fort, « Quelle est la meilleure note et qui l’a eu? »
  • la norme : « Quelle est la moyenne de la classe? »
  • l’élève le plus faible : « Quelle est la  note la plus nulle? ».

Ce sont, je pense, par ces référence que l’élève lambda quadrille la performance qu’ il obtient. D’ailleurs, pendant le GRAF j’avais entendu un collègue parler d’un élève qu’il avait besoin de se situer.

Je ne pense pas qu’il ait besoin réellement de se situer par rapport aux autres, mais par rapport à ces références, la différence est subtile mais elle existe.

Vous remarquerez que très rarement on demande qui a eu la plus mauvaise note, et que par contre on cherche toujours à savoir qui a eu la meilleure note. N’y voyez pas l’art de la compétition mais plutôt celle du modèle, du référent, de l’objectif autoproclamé par la société, « Il faudrait être comme lui« . C’est ce qui explique que l’on se moque de savoir qui a eu la note faible.

Voyons les diverses réactions que Téo va pouvoir avoir vis-à-vis de notre Gaëtan.

II. La comparaison avec l’individu de référence

a) Une relation entre « étrangers »

Téo peut se dire tout d’abord :  « Je suis nul j’y arriverai pas« , il associe Gaëtan a un performeur, Téo se dit qu’il ne pourra jamais l’égaler. En fait Téo, inconsciemment, créé des différences entre lui et Gaëtan. Il se dit qu’ils n’ont rien en commun.

C’est d’ailleurs aussi, ce qui peut amener les élèves à « critiquer l’intello » et à le dénigrer. Oui dans ce cas précis, l’élève fort pour le reste groupe n’a aucun point en commun, c’est le parfait étranger (il est exclu du groupe).

Quid de l’effet? Téo, lui aura deux réactions possibles.

-Une attitude de dénigrement face à Gaëtan qui consolidera le groupe des faibles  (tous contre l’ennemi)

blank-Une attitude de dénigrement face à lui-même. Il se sous-estimera encore plus. Son attention sera aussi accaparée par ses sentiments qui l’empêcheront d’avoir tous ses moyens pour effectuer une tâche. Pensez-vous qu’un élève faible a toutes ses facultés quand il est seul au tableau? Non car il se sait ou se pense observé et jugé car il se croit inférieur.

Dans les deux cas, les facultés de l’élève faible seront occupées à dénigrer le modèle ou à se dénigrer lui-même, cette charge de préoccupation l’empêche d’avoir tous ses moyens pour une future tâche, l’élève reste faible voir plus faible encore.

Le modèle ici est donc inhibiteur. Pourtant il suffit de peu pour générer un effet moteur.

b) Un effet moteur, oui si le modèle n’est pas un étranger pour l’élève faible.

On a vu que l’effet de groupe joue un rôle important, intégrer le modèle dans le groupe permettra donc à tirer le groupe vers le haut. Pour cela, il faut créer des points communs entre le modèle et l’élève faible.

blankSi vous dites à notre cher Téo que les blonds sont tous bons au foot et que Téo et Gaëtan sont blonds, il associera son échec à une performance anormale et donc travaillera sa performance pour être intégré au groupe des forts.

Je dirai même qu’il va croire que c’est possible d’être aussi performant que Gaëtan. Il sera donc sur la voie du travail.

Bien entendu, l’exemple ici n’est pas crédible.

Je vais donc en décrire un, les filles sont plus soignées que les garçons et sont plus sages. Ne pensez-vous pas que certains parents peuvent  dire parfois cela à un enfant et surtout à une fille?

blankDire que les garçons ont plus le sens de l’orientation que les filles, demandez à des professeurs d’EPS, ils vous affirmeront que les résultats lors de courses d’orientation vont en ce sens, et s’il s’agissait justement d’un effet moteur?

L’association d’un individu à un groupe de performeurs provoque une augmentation de sa performance.(pas d’effet d’inhibition, mise au travail accentuée)

Donc intégrer l’élève faible au groupe de l’élève fort le stimule.

De plus ses capacités ne sont pas inhibées car il est en confiance, il appartient au groupe des forts :

On a déjà jugé l’élève avant de l’évaluer.

 

c) Un effet stimulateur venant de l’enseignant.

Nous avons aussi notre carte à jouer. Cet effet, je l’ai toujours vu lorsque je souhaitais faire une démonstration d’un théorème un peu compliquée, je ne souhaitais pas forcément que tous la comprennent, je disais cette phrase :

« Si vous ne comprenez pas ce n’est pas grave, ce n’est pas exigé. »

Et la magie opère, tous les élèves écoutent. Je me suis posé souvent cette question, pourquoi cette soudaine attention que je n’ai pas quand je leur dis de bien écouter?

L’astuce réside dans la non-exigence de la performance. Ici, l’envie de comprendre apparaît car, l’autorité admet qu’il y aura des différences et donc des groupes d’individus (faibles, moyens, forts). L’élève souhaitant être dans le groupe des forts va faire l’effort de comprendre.

 III. Conclusion.

On l’aura vu l’effet moteur n’est pas facile à maîtriser, tout doit d’abord partir de la confiance qu’ont les élèves dans l’enseignant. Il faut qu’ils soient convaincu d’appartenir au groupe fort, et donc il faut qu’ils aient confiance dans notre capacité d’évaluation et de jugement.

Et cette confiance s’acquiert parfois difficilement, parfois facilement….blank

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Evaluation différenciée (suite)

blankToujours dans ma réflexion autour de l’évaluation différenciée!

Des pistes de réflexions sont apparues lors du groupe de recherche, j’ai aussi proposé la mienne, quelques surprises, la notion d’évaluation différenciée, diffère selon les enseignants. Néanmoins, je suis obligé de travailler sur scolatix avec un enseignant plutôt hostile et une enseignante quasi-convaincu. Le débat n’en restait pas moins intéressant.

Ayant des idées à exploiter sur l’évaluation différenciée, j’en ai donc fait part, même si ce travail ne concernait pas au premier abord scolatix, mais d’un certain point de vu, il fait l’apologie du travail par objectifs donc ….

I. Des évaluations différenciées différentes

a) Une évaluation différente (système d’évaluation par objectif)

Je partais convaincu qu’une évaluation différenciée est justement une évaluation différente entre élèves. Les attendus sont différents et adaptés justement à l’élève, soit par une baisse sur le niveau de maîtrise ou une baisse sur le nombre de d’objectifs (tout en gardant un niveau de maîtrise conséquent).

blankIci, par exemple, je parlerai de mon petit Téo (nom d’emprunt) en 6e, je compte faire une évaluation sur les aires et périmètres (faisant chacun l’objet d’un chapitre différent). Mon petit Téo a énormément de difficulté à appréhender la lettre  , il connaît les formules de l’aire du disque et de la longueur du cercle, mais l’utilisation pratique des formules reste périlleuse.

C’est, pour moi, un élève faible-bosseur, actif et réfléchi, mais souffrant de lenteurs d’acquisitions et de problèmes liés à l’abstraction. Il n’est pas prêt pour l’utilisation de la formule du cercle en situation simple ou complexe.

La différence de mes devoirs va se résumer en la suppression de l’exercice contenant un figure complexe faisant appel à la formule liée au cercle que ce soit pour l’aire ou le périmètre.

Les autres exercices seront les mêmes : les exigences des autres notions sont donc les mêmes! Pas de baisse d’exigence!

Avec un exercice en moins, mon Téo aura aussi plus de temps, une sensation aussi de faisabilité du devoir, on gagne donc en assurance : l’élève est rassuré et en confiance.

Bien sûr fonctionner avec ce type de différenciation, nécessite d’évaluer par objectifs. Le tableau d’objectifs du devoir est donc plus court pour Téo que pour les autres. Je n’évalue pas la notion pour laquelle il n’est pas prêt.

blankEn travaillant de manière spiralée, je sais que je vais réévaluer cette notion, c’est à ce moment où j’évaluerai mon petit Téo sur le cercle, en espérant qu’il sera prêt : cela nécessite de mettre en place une stratégie de remédiation, mais en temps normal il aurait raté son devoir, et j’aurai fait une remédiation, donc pas de changement dans l’attitude de l’enseignant.

 

 

 

Le fonctionnement en spiralé, je l’ai vu au GRAF, n’est pas adapté à toutes les disciplines, je pense notamment aux profs de SVT en écrivant cela.

Imaginons que nous savons que certains élèves n’auront pas le niveau suffisant à la fin de l’année, pourquoi ne pas se contenter de valider 50% des objectifs, de procéder à un redoublement et de réitérer les autres 50% l’année suivante, tout en contrôlant la validation des autres objectifs déjà validés l’année d’avant? (pas testé, peut-être qu’il y a des obstacles).

On peut aussi baisser le niveau de maîtrise exigée dans le contrôle,néanmoins pour moi cela suggère que l’élève ne puisse pas avoir acquis mais en cours d’acquisition au maximum, l’évaluation d’un objectif doit se faire en situation complexe.

Je ne suis pas favorable à ce type de d’évaluation, je préfère rendre un élève expert sur une notion que le rendre « moyen » sur plusieurs notions, même si parfois je pense que nous n’avons pas le choix.

Passons aux autres évaluation différenciée.

b) Évaluation avec coups de pouce

J’ai eu le temps d’en parler avec une collègue le temps d’un trajet Le Mans-Angers et le retour, elle s’est lancée dans l’expérience (prof de SVT).

Il s’agit pour elle de démonter des blocages qui ne font pas appel à la notion évaluée par le dons de coup de pouces.

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Elle a, lors de son expérience tenté 2 protocoles :

elle donne des coups de pouce à tous, à eux de les lire ou non, « ils doivent jouer le jeu », un peu comme mon expérience sur la gratte, une aide optionnelle.

elle donne des coups de pouces à ceux qu’elle voit patiner

Je me contenterai d’analyser que le second, le premier pour moi, n’est pas vraiment une évaluation différenciée, les élèves étant tous sur le même pied d’égalité.

L’objectif, ici, est très clair, on ne veut pas de copie blanche, pas d’élève qui bloque. Elle doit donc être aux aguets lors de l’évaluation.

Néanmoins cela nécessite 2 contraintes fortes :

les coups de pouce doivent être extrêmement étudiés et ne doivent pas biaiser l’évaluation de la notion voulue, la tâche complexe, s’il y a,doit rester complexe.

– Ne pas donner le coup de pouce trop tôt. Une réflexion sur un exercice peut prendre du temps.

 

Mais un point positif, les élèves faibles ont la sensation que l’on s’occupe d’eux, ils sont donc dans un contexte rassurant.

Je me pose néanmoins des questions sur l’acceptation de ce type d’évaluation différenciée par la classe :

«  Eh M’sieur pourquoi vous m’aidez pas aussi? »

Les notes (ici elle évalue par les notes) ont-elles les même valeurs d’un devoir à l’autre?

 

c) évaluation différente (évaluation notée)

blankC’est un enseignant de Français qui souhaite baisser le niveau d’exigence : texte moins long à écrire ou analyser.

On en revient à l’analyse faite en a), ici l’élève est évalué selon un système où il est « moyen » au maximum.

Néanmoins, cela le met en situation de réussite plus facilement, il est rassuré, et d’ailleurs disait-il (l’enseignant) :  » Et alors? Je l’évalue selon ses capacités ».

Ici, me pose le problème de l’évaluation entendue par l’institution, les élèves sont évalués selon une « norme » interne à l’établissement ou du moins la classe.

Ici, les notes n’ont pas la même valeur d’un élève à l’autre. Il faut lui donner un sens.

Mais l’objectif est de réinstaurer une confiance dans l’élève que lui n’a plus, et le mettre en perspective de réussite pour que celui-ci soit motivé, « je peux maintenant donc je peux donc aller plus loin« , il s’agit de mettre l’élève dans un cercle vertueux.

II.Conclusion

On remarquera que les évaluations ici, ont le même objectifs : les élèves faibles-bosseurs.

Il s’agit de les mettre sur la voie de la réussite, ici se pose donc surtout le problème de la note ou du moins du rendu de la copie par l’enseignant  par rapport à l’institution et à l’élève.

Il ne s’agit pas non plus de leurrer l’élève de lui faire croire qu’il est très fort, non! Il s’agit de lui faire prendre conscience qu’il est apte aussi à faire! Et surtout par cette remotivation de le mettre sur la voie aussi du travail.

Expérience à suivre un rendu pratique dans 2 semaines…

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Une évaluation différenciée, pourquoi (pas)?

blankLa question est posée.Tel un médecin qui ausculte un patient et qui fait un diagnostic ciblé suivant leurs maux, ne devons-nous pas non plus, proposer une évaluation qui réponde aux besoins de nos élèves?

Est-ce que la médecine fait subir les mêmes analyses à tous les malades
sous prétexte d’égalité ? Cela dépend des personnes, des problèmes. (1)

A quoi cela sert-il d’évaluer notre Téo (nom d’emprunt) sur les nombres relatifs alors que nous savons pertinemment qu’il n’arrivera pas à produire quelque chose de satisfaisant car il n’est pas prêt.  Que pouvons-nous obtenir de notre évaluation à part le sentiment chez notre élève, de nullité, de médiocrité et ainsi perdre toute confiance en lui et le mettre sur la voie de l’échec?

Le questionnement s’est posé lors d’un échange lors d’un GRAF, celui-ci s’est relancé alors que je patinais un peu sur la question, avec un enseignant stagiaire sans doute plus enclin au doute.

Il ne trouvait pas pertinent la démarche de différencier les évaluations car les objectifs étaient et devaient être les mêmes pour tous les élèves, et c’est à cet instant (sans doute l’esprit de contradiction que je ne renie pas…) que des arguments me sont apparus, clairs et nets.

 

I. A quoi sert l’évaluation?

Intéressons-nous d’abord à l’évaluation, que recherchons-nous à travers cette épreuve à faire faire à nos élèves?

Je pense actuellement qu’elle ne sert qu’à valider des notions acquises, et ce dans un contexte sérieux et neutre que j’appellerais la solennité de l’épreuve.

Nous sommes dans la perspective de valider des items, montrer à l’élève qu’il avance, qu’il a progressé et ce, dans un contexte objectif (neutre) pour que celui-ci accepte le jugement et se rende compte de sa pertinence. Il s’agit donc de lui faire prendre conscience qu’il a appris, qu’il a progressé et qu’il est apte à.

Ce côté uniquement positif de l’évaluation suggère donc que l’élève doit être prêt à passer l’épreuve.

« Un peu comme le permis de voiture, nous ne le passons que lorsque nous sommes prêts. La validation du permis confirme notre apprentissage. »

 

Que pouvons-nous attendre d’une évaluation si celle-ci est ratée?

II. L’échec de l’évaluation, qui est en tort?

Au premier abord, bien sûr l’élève, notre travail doit « normalement » lui donner les billes pour qu’il puisse progresser.

S’il y a un échec, il y a plusieurs raisons non-incompatibles que l’on saurait évoquer rapidement :

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  • Les raisons externes liées à l’élève (fatigue, nervosité …)
  • Les raisons internes liées à l’élève(peu de travail d’apprentissage)
  • Les raisons externes liées à l’enseignant (devoir trop long, trop dur, évaluation inadaptée)

Bien sûr sans rentrer dans le fait que des élèves non travailleurs cela existe, qu’il peut y avoir de multiples facteurs qui induisent de mauvais résultats, arrêtons-nous sur les élèves faibles et pourtant sérieux et travailleurs.

Concentrons-nous sur les élèves motivés et travailleurs qui ne « réussissent » pas. Les « faibles-bosseurs » qui s’orientent vers une spirale de l’échec s’ils ne sont pas valorisés ou s’ils perdent confiance en eux.

Nous sommes parfois responsable, non?

 Qui n’a pas déjà donné un devoir trop long, qui n’a pas su anticiper un échec dû  à une question mal posée?

En tant qu’enseignant, on a parfois une part de responsabilité dans l’échec ou non des élèves que nous nommerions l’échec de l’évaluation. « J’ai planté le contrôle, il était trop dur pour les élèves. »

Nous le (l’échec) pensons global, dans une considération de la classe entière, pourquoi ne pas individualiser cette analyse du devoir et se dire « J’ai planté le contrôle pour Téo , il n’était pas adapté pour lui » ?

Ceci suggère une évaluation différenciée, une évaluation qui valide des items à tous mais pas forcément les mêmes. Une évaluation qui laisse percevoir une progression de certains plus rapide que d’autres voir différente des autres, tout en gardant un aspect positif  (de l’évaluation), « ils avancent tous« .

Peut-être que l’idéal serait de fournir une épreuve qui permettrait de valider 75-90 % des items à l’apprenant et le reste pour suggérer des pistes pour avancer, pousser l’élève à acquérir des notions non maîtrisées.

Voyant la nécessité de l’évaluation différenciée, voyons quelles obligations elle réserve.

III. Une évaluation différenciée, difficile?

Tout d’abord pour différencier une évaluation, il faut penser à différencier son cours. En effet, une évaluation différenciée indique nous prenons en compte des progressions différentes des élèves (dans le rythme, ou dans les notions vues), ce qui est l’essence même du cours différencié.

blankDifférencier son cours est ardu. Plusieurs requis s’imposent :

–  Il faut que l’élève lambda accepte de ne pas faire les mêmes choses que ses camarades, dans un contexte où l’adolescent cherche à être accepté dans un groupe, en adoptant une similarité de comportements, d’actions.

– Il faut que les autres élèves acceptent la différence, pour les mêmes raisons que le premier point.

Avoir le temps de préparation nécessaire. Un cours différencié requiert du temps qu’il faut savoir investir. (Pouvons-nous le faire constamment?).

– Il faut non-institutionnaliser la différenciation, ce n’est pas un PAI ! C’est seulement un contrat tacite de confiance entre l’enseignant et l’élève.

 

Le temps … Facile d’en perdre, alors que du temps nous en perdons déjà pour créer des projets (type rallye, jeu sérieux) ou faire des sorties scolaires (voir des expositions, les sorties « cinéma » ou « théatre » ). Et ces projets aident aussi la classe entière.

Un cours qui prend en compte le rythme de chacun peut se faire simplement sans trop de perte de temps :

  • Donner moins de contraintes (usage de la calculatrice,  des fiches de leçon synthétiques et rapides à analyser pendant les exercices) à un élève dans la découverte d’une notion vue quand celui-ci possède de sérieuses difficultés dans l’instant.
  • Donner des exercices plus difficiles aux élèves qui possèdent des facilités , ce que j’appelle « leurs donner à manger« 

C’est de la différenciation par le rythme et les acquis. (Bien entendu, il existe d’autres possibilités de différencier par le travail de groupe, par l’usage de documents différents, etc)

Un système simple qui permet  à nous, enseignant, de détecter et de réagir sur l’instant pour garantir une mise en activité constante des élèves. « Ils travaillent tous avec leurs capacités » . Le but reste le même pour tous, certains n’auront pas l’acquisition d’une notion au sein d’une tâche  complexe, et … et alors?

 

IV. Une évaluation différenciée, comment la créer?

Tout d’abord, enlevons un obstacle, je dirai même L’obstacle : la note!

En effet, noter des élèves alors qu’ils n’ont pas le même devoir est un non-sens, qui d’ailleurs je pense peut-être un frein à l’acceptation de la différenciation par les élèves. :

« Eh ! M’sieur c’est injuste, j’aurais eu son devoir, j’aurais eu 20! »

Si nous donnons des objectifs différents aux élèves,alors il faut évaluer la validation de ceux-ci :

La validation par objectif devient donc le seul recours que nous ayons à l’évaluation différenciée.

Je ne saurais que trop suggérer scolatix.org comme outil à l’évaluation par objectifs.

En créant des évaluations par objectifs, différentes, les élèves accepteront d’avoir des validations d’acquis différents. Le contrat n’est pas le même. Il n’y a pas de note, mais des acquis, non acquis ou en cours d’acquisition, quoi de plus sensé?

Il s’agit donc maintenant de créer des évaluations différentes, deux ou plus.

Néanmoins, dommage encore de terminer par un point négatif :

blankLa principale difficulté que je vois et qui m’empêche actuellement de franchir le pas, est justement d’être sûr de mon jugement et ne pas donner un examen inapproprié à un élève. Je ne souhaite pas  donner un devoir trop simple  à un élève comme un devoir trop dur, les deux situations  ne me montrent rien sur ce que sait réellement l’élève.

Je tenterai l’expérience avec deux élèves en 6e. J’espère pouvoir voir ce qu’il en ressort….

Réflexion à suivre.

(La suite)

 

(1) phrase issue de Journal de l’enseignement primaire (Genève), 1992, n° 38, pp. 18-20.
Évaluation formative : mais non, ce n’est pas du chinois, même les parents en font ! Philippe Perrenoud

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« internet m’a tuer »

blankLa fermeture de Mégaupload a fait grand bruit! J’ai halluciné en me faisant réveiller par mon réveil sur « Le FBI a piraté Mégaupload, les 4 des 7 responsables ont été arrêtés et risquent jusqu’à 7 ans de prison » . J’ai cru rêver, j’en étais encore au black-out de la SOPA… Cette nouvelle a touché nos chérubins, « Eh M’sieur vous avez vu pour Mégaupload? » , enfin on a une interrogation de nos ados sur ce qu’est internet, ou plutôt ce qu’il devient : un espace immatériel régi par des lois.

 Une réflexion à chaud sur internet…

 

I. L’historique d’internet

Tout d’abord, un petit rappel historique sur la création d’internet.

Le but de ce réseau était le partage entre universités américaines en 1969, (université de Californie à Los Angeles et Stanford Research Institute). Le fameux partage d’informations, comment collaborait-on avant? Beaucoup de déplacements et de colloc’!

C’est une révolution à l’époque, plus besoin de se déplacer, la copie d’informations est limpide et rapide. Bref, déjà s’instaure l’idée de liberté, de diffusion, d’espace neutre. Le nom de ce réseau :  ARPANET.

blankDans les années 70, le « réseau » évolua avec une ouverture au public et un changement de standard de communication appelé X.25 (laissant ARPARNET dans l’oubli). Avec X.25, on découvre les premiers mails et un célèbre FAI : AOL.

De la fin des années 70  aux début des années 80, des standards de communications changent, passant à l’UUCPnet (basé sur du bourne Shell, langage d’UNIX, connu de nos chères distribution LINUX.), puis au fameux TCP-IP, protocole toujours en vigueur aujourd’hui bien qu’ayant évolué et qui risque encore de changer (TCP-IP v6).

C’est en 1982 que l’internet devient international, reliant la grande-Bretagne avec l’Amérique.

En 1984, l’Europe est reliée au réseau. Les universités américaines et européennes peuvent donc échanger, dialoguer.

On est donc, à l’époque, principalement dans la communication interuniversités.

À la fin des années 80 et début des années 90 des FAI, apparaissent en France, certains étant américains (AOL entre autre), d’autres français comme Wanadoo (Ex-Orange).

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Que retenir de cet historique?

Internet a été créé pour partager, et communiquer et surtout diffuser! Avec l’apparition d’internet, le mouvement du libre est apparu!

Ce mouvement (du libre) défend les valeurs initiales d’internet.

II.Le libre ↔ la dématérialisation

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Richard Stallman, fondateur du projet GNU et en conséquence de la licence Libre appelée GPL est un personnage qui incarne pour moi vraiment les valeurs de ce que devait être internet.

 

 

 

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Avant internet, les logiciels étaient vendus sur des supports, les sociétés les vendaient et faisaient payer le prix de l’édition (coût du support) avec une marge pour des bénéfices. Ces sociétés étaient en conséquence incontournables pour diffuser des contenus qu’ils soient libres, gratuits ou payants.

Dans ces sociétés, on trouve :

Les majors des disques audio

Les majors des DVD

Les éditeurs de jeu.

Nous étions donc dans un système, où l’intermédiaire était inévitable.

L’arrivée d’internet a changé la donne, ces intermédiaires sont devenus optionnels, ils n’ont plus la main mise sur le marché : c’est la dématérialisation des contenus. C’est cette dématérialisation qui a permis l’essor du libre et en contre partie  de la copie illégale.

III Une dématérialisation mieux pour le libre, moins bien pour les artistes?

Bien entendu, en aucun cas je plébiscite le téléchargement illégal, bien au contraire, j’y suis farouchement contre!

En premier lieu, il est vrai que la dématérialisation favorise la diffusion, la copie est simple à l’instar d’une photocopie.

Bien entendu aussi, la copie illégale s’en trouve simplifiée et internet étant un espace neutre et mondial, il est difficile d’y appliquer une loi pour contrecarrer cette tendance.

Mais faut-il sanctionner sans proposer d’offre alternative?

Car même si on nous promet des alternatives, celles-ci sont en dehors des réalités, peu crédibles et surtout, il y a un pauvre panel de choix et donc pas de concurrence.

Les artistes gagnent-ils réellement beaucoup d’argent avec les intermédiaires? Ne faudrait-il pas favoriser aussi, la vente directe qui ,elle, connaît aussi un regain d’intérêt surtout via internet? Les concerts sont aussi un gain d’argent pour les artistes et cela n’est pas non plus copiable, pourquoi ne pas recentrer le métier d’artistes autour des prestations et non de la musique en elle-même?

C’est peut-être l’évolution des métiers, comme celui que j’exerce? Dans mon métier de professeur, je suis aussi :

Éducateur, conseiller, psychologue, surveillant, et enfin enseignant.

 

En second lieu, le libre  lui connaît un essor grandissant, l’accès à l’information, le partage libre (tant d’opinions que de créations ou d’informations) est très simple.

Nous connaissons une époque où les états commencent à se rendre compte de la puissance d’internet comme moyen de communication (il faut voir les révoltes dans les pays arabes).

Ceci fait écho à un film d’anticipation que j’avais vu : 8th Wonderland  (artistiquement les images ne sont pas géniales, mais l’intrigue et le fond de l’histoire posent bien une question sur la puissance de la toile.)

 

Il s’agit d’être citoyen, de réfléchir comment doit évoluer internet, faire attention aux lois liberticides, rappelons que dans certains pays, des blogueurs (pendant les révoltes arabes) ont été emprisonnés ou tués pour s’être exprimés sur internet…

Edit de dernière minute :

wonderland 8th existe réellement, et le groupe de personnes agit réellement. Il a été constitué après la diffusion du film.

http://blog.8thwonderland.com/

Une action pour les indignés le 5 novembre 2011 :

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Le pouvoir de l’écrit

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Le réveillon de noël est passé, l’occasion de revoir des personnes que l’on voit trop rarement et d’entamer des discussions poussées (d’autant plus avec quelques verres de vin). On s’est interrogé sur ce blog, l’impact que l’écrit peut avoir d’autant plus que celui-ci est ouvert à tous. Deux idées en ressortent : celle du partage et celle du contrôle.

I. Deux volontés qui s’opposent.

Je suis plutôt animé par la conviction qu’il faut partager :

– Partager pour être critiqué, que mes idées avancent et celles de mes lecteurs.

– Partager mes réflexions, mes trouvailles pour qu’elles ne restent pas dans l’oubli, quelle utilité sinon?

blankLe partage comme communication au sens large, où celle-ci est génératrice de dialogue et diffuse des idées, des notions, des points de vues.

Bref, une grande part du LIBRE, valeur à laquelle je suis attaché.

Mon interlocutrice, une génération de plus, qui n’a pas connu internet dès son plus jeune âge, a une certaine valeur des livres. « J’ai lu ça, c’est un très bon bouquin, l’auteur dit que ... »

Phrase usuelle, où l’on pense comme l’auteur, on adhère facilement sans remettre en cause ses écrits. Rare sont les fois où l’on se dit que l’on n’adhère pas, d’ailleurs finit-on le livre en question?

blankOn achète un livre sachant que l’on va adhérer à celui-ci, à ses idées. Difficile pour soi d’acheter un ouvrage  » rempli de tissu de c…. ». Est-ce vraiment une ouverture ?

Bien sûr, la lecture est essentielle dans la diffusion de concepts et d’idées mais l’aspect monétaire pour moi va à l’encontre du principe de liberté, la liberté de s’opposer. Même si rien objectivement l’en empêche, c’est lors de notre achat que la sélection est faite.

Schématisons la situation :

« Verriez-vous un militant de gauche acheter un livre glorifiant Mr Sarkozy avec des arguments détaillés? »

La réponse est pourtant claire. Je ne nie pas que certains peuvent le faire, mais je les pense rare, je n’échapperais que trop peu  à ce comportement. Un peu comme on achèterait un livre de science-fiction car on aime cela, il y a une notion de plaisir derrière l’achat qui va à l’encontre de la réflexion, réflexion qui passe par un raisonnement contradictoire.

Elle s’opposait à l’idée du blog, parce que tout le monde pouvait le lire et que toute personne n’est pas forcément apte à le lire. Quel contrôle avons-nous sur notre lecteur  même lors de l’achat d’un livre?

II. Ce blog, vraiment utile?

Oui, si je souhaite que mes idées soient diffusées, néanmoins :

Un risque que l’on avait soulevé lors de notre discussion, c’est le risque de la mauvaise interprétation des idées surtout lorsque celles-ci définissent des comportements à avoir ou renforcent en apparence des idées reçues (par exemple l’article sur la bosse des maths)

L’achat donc deviendrait un élément qui poserait la réflexion quant à lire ces idées…

« Doit-on rendre responsable les constructeurs de voitures qui vont à 200 km/h des excès de vitesse? »

A ce titre comme les constructeurs, doit-on me rendre responsable d’idées mal perçues? Ne déresponsabilisons-nous pas les lecteurs?

Si j’ai choisi un blog, cela est pour deux raisons :blank

– Mes idées ne sont pas figées, chacune s’inscrit dans le temps (tel jour, j’ai pensé cela), libre à moi d’évoluer et le montrer

– Un blog reste un site catégorisé comme informel, donc pousserait plus facilement à la réflexion sur la véracité des arguments et idées proposées.

III. L’écrit permet la diffusion

Le libre est une valeur de partage et de diffusion.

L’écriture est sans doute le moyen le plus approprié pour diffuser, laisser le temps de réflexion à celui qui lit (on peut s’arrêter de lire à tout moment), de partager.

Ce blog permet de laisser des commentaires ( en plus des spams) pour entamer une discussion.

À ceux qui veulent  partager, bloguez!

Bien sûr, rien ne m’empêchera de lire des livres qui sont indispensables pour s’enrichir, je ne nie en aucun cas ce moyen de diffusion mais plutôt le comportement associé à l’achat de livres!

PS : Bonne année 2012, mes meilleurs voeux!

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Leçon sur la discrimination : quelques supports

blankI.Reportage

En pleine réflexion sur l’Education à la sexualité et au respect des autres, je tombe sur un reportage autour d’une expérimentation assez surprenante. Elle se déroule dans une école primaire, une institutrice demande aux élèves s’ils veulent vivre une expérience sur la discrimination, les enfants, un peu innocents, répondent par l’affirmative.

a)Descriptif et 1ère journée

Dès la réponse donnée, l’institutrice met en marche son mécanisme de discrimination, rapportant qu’une autorité scientifique a prouvé que les plus petits sont plus intelligents, gentils, attentifs que les grands.

blankElle catégorise sa classe en deux groupes, les grands et les petits en prenant 1m34 comme taille limite. Le groupe des grands va revêtir un chasuble rouge. Elle va favoriser les petits en leurs donnant des privilèges. La frustration comme jeu de discrimination en plus de l’irrespect, un uniforme pour créer un groupe paria.

C’est choquant, gênant, il dérange ce comportement de part l’attitude de l’institutrice. Les enfants devraient se révolter … mais non!

La journée se passe, un élève grand qui était rejeté par la classe est plus serein comme si la honte qu’il subissait était partagé avec son groupe : « Il n’est plus seul« .

A la fin de la journée, c’est effrayant les enfants s’insultent de « grands » sans que la maîtresse les y pousse.

b)2e journée et bilan

blankLe lendemain, elle inverse les privilèges, prétextant qu’elle s’est trompé et que son directeur (un homme très grand) lui a démontré que ce sont les plus grand les plus intelligents. Les privilèges sont donnés au plus grands.

On pourrait croire que le groupe des grands qui a subit la discrimination soit plus sympa avec l’autre groupe : Erreur! Ils sont tout aussi méchants! La nature humaine est terrible, à croire que le phénomène de groupe est réellement dangereux.

Le bilan à la toute fin est mitigé, les enfants se liguent contre l’institutrice, il faudra attendre quelques jours pour que les enfants comprennent ce qu’il s’est passé et apprennent de cette expérience.

Le résultat est intéressant, les enfants ne rejettent plus l’élève marginal, il y a plus de respect entre eux.

Un apprentissage efficace par le vécu :  subir la discrimination ne suffit pas pour qu’on en soit après l’auteur.

Mais faire un travail a postériori apporte vraiment un réel apprentissage marquant!

 

b)La vidéo

II.La vague

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Le livre

Un livre et puis un film (basé sur le livre), inspiré d’une histoire vraie.

C’est l’histoire de Ron Jones un professeur avec des élèves de première du lycée Cubberley, en 1967. Voulant faire un cours sur l’autocratie, en 1 semaine il met en place un mouvement (la 3e vague) un peu sectaire, montrant aux élèves ce qu’est une dictature, et les  élèves se prennent au jeu et finissent ensuite par y croire. (source : wikipedia , dans la le livre la date indiquée est 1969 et non 1967)

Le film est une adaptation du livre qui est lui-même une adaptation de l’histoire vraie.

Le film est convaincant, réaliste et dérangeant, tout doucement et en transparence, par le jeu de question/réponse avec les élèves l’enseignant met en place les rouages de la dictature.

 

La bande annonce du film « La vague » :

La Vague – Bande-annonce par baryla

III.Une expérience à faire au collège?

Inspiré de l’expérience québecoise, j’ai fait la demande à mes supérieurs, l’infirmière et la CPE pour mettre en place le même genre d’expérimentation avec mes 3e.

Je pensais faire l’expérience sur 2 ou 3 jours, rapportant qu’un groupe de scientifiques disait que ceux qui avait des lunettes étaient plus intelligents. Il s’agissait de donner une caractéristique clairement loufoque pour juger de l’intelligence des individus, et je voulais leur signifier que c’était une expérience et qu’on verrait si cela fonctionnerait comme le disaient les scientifiques.

Il s’agit ensuite de voir les réactions des 3emes, je m’attendrais à ce que certains réagissent et s’opposent. Et enfin après ces 3 jours, je comptais  faire le descriptif de leurs ressentis et faire le parallèle avec la haine, le communautarisme et la discrimination et en dégager le mécanisme.

Bien sûr, c’est une classe que j’ai choisi, je ne la ferai pas avec d’autres. Je comptais prévenir les parents et inspection si, bien sûr, l’aval de ma hiérarchie, du CPE et de l’infirmière, j’avais.

 

Mes supérieurs ainsi que le CPE ont refusé, car, pour eux , pas assez de garde-fous afin d’éviter les dérapages.Néanmoins, ils ont montré de l’intérêt, d’ailleurs j’ai appris lors d’une discussion de l’expérience de Ron Jones : Ils ne souhaitent actuellement pas courir le risque.

Il est vrai, on travaille avec des adolescents, des êtres en construction donc plus crédules. Mais faut-il constamment les protéger, y-a-t-il vraiment un danger? L’enseignement par les erreurs et le vécu est un apprentissage pourtant efficace. Surtout que l’on ne demandait pas à ce que toute l’équipe enseignante joue le jeu de la discrimination mais un seul professeur, justement pour qu’ils observent qu’il y ait un problème et apprennent à contrer ce genre de pratique d’eux-même.

 

Tout n’était pas parfait! Un problème me gênait, mais j’aurais néanmoins tenté l’expérience :

Comment rétablir un climat de confiance entre l’enseignant « fautif » et la classe? En effet, il s’agit de tromper les élèves en usant du statut d’enseignant…

Réflexion à suivre…

 

Un petit extrait du film « la vague » qui résume la mise en place de la dictature avec le consentement global des élèves.

étude expérimentale La Troisième Vague par nature-boy-79

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La créativité & la motivation : des leviers pour l’apprentissage

blankDans une soirée, alors que je refaisais le monde avec un ami avec qui je vais travailler sur un site internet pour son association. On a longuement parlé du travail collaboratif et de la recherche. Une phrase a fait écho et retenti encore : « La créativité est la seule chose qui rend humain, un homme non créatif n’est plus humain » .

J’étais parti sur un article sur la motivation, comment la découper et savoir où elle prend son essence. Après réflexion, la créativité et la motivation ne sont que deux aspects d’une même et unique qualité d’un individu. Elles vont de pairs. Ce sont aussi deux leviers pour l’apprentissage.

Tout d’abord, je vais tenter de définir ce qu’est la motivation et en quoi elle permet d’apprendre.

 

I La motivation, sa définition.

a)Il n’y a pas de motivation sans obstacle.

Pour étayer ce propos, je ferai d’abord appel à notre expérience d’enseignant. A-t-on eu un élève brillant que l’on a cité comme motivé? Non et pourtant c’est évident, la motivation n’existe que par l’opposition que l’on peut avoir face un obstacle. Un peu comme pour qu’un héros existe il lui faut son exact opposé : son ennemi. La motivation est cette capacité que l’on a de faire face à des obstacles pour les surmonter. Un peu comme une voiture qui a de l’essence qui doit monter une côte, on dira qu’un individu aura eu assez de  motivation pour surmonter ses difficultés.

Cette notion de quête paraît évidente, mais résume aussi un problème, on ne motive que des élèves ayant des obstacles.

Je ferai la distinction entre obstacles et difficultés (scolaires). J’affirme qu’un élève doué possédant des facilités peut-être motivé, en lui fournissant des situations complexes qui le mette en difficulté.

Donc pour motiver un élève, il faut lui proposer des situations de problèmes complexes mettant en jeu des difficultés à l’apprenant. Sans cela, pas de motivation, et donc pas d’apprentissage efficace.

b)La motivation n’est pas de la curiosité.

Il y a, je pense, une nuance entre motivation et curiosité. En effet, la curiosité est bien une volonté d’acquérir une connaissance face à l’inconnu. Mais dans ce processus, il n’y a pas, je pense, d’évaluations a priori des « armes » pour acquérir cette connaissance, l’élève ne se pose pas la question de savoir s’il pourra l’aborder. C’est juste un sentiment qui pousse à aller plus loin, mais qui peut s’estomper à la moindre difficulté. Il y n’a pas de rapport de force entre l’obstacle et la curiosité.

Disons que la curiosité est le « premier pas » de la motivation.

c)Il n’y a pas de motivation face au fatalisme.

blankSimple et évident par définition. Mais elle me permet de rappeler que les situations de problèmes proposées doivent donc être « accessibles » afin de permettre à chaque élève d’entrer dans un processus de résolution.

Il faut donc laisser à l’élève la perception ou le sentiment qu’il peut solutionner le problème ou du moins, s’en approcher.

Un enfant se croyant trop nul pour le résoudre, ou se noyant dans une gigantesque montagne d’informations rend un élève fataliste, qui subit et qui par peur de l’échec ne fait rien.

Un élève qui perd la combativité est un élève qui ne cherchera plus et qui subira la solution. Découvrir un monde en le subissant n’est pas le chemin le plus efficace, on tombe facilement dans le travers : « C’est comme ça et puis c’est tout », et les questions du genre « Et alors? »

 

d)La motivation n’est pas contrôlée.

Derrière cette idée, je voulais faire comprendre que l’on est dans du sentimentalisme. Il y a plusieurs raisons pour qu’un élève ne veuille plus faire, parce que l’on joue dans le domaine de l’émotion. Les sentiments peuvent se télescoper ou s’entraîner.

Un élève joyeux sera plus motivé qu’un élève triste et ce indépendamment de la mise en situation propice que l’on aura pu mettre en place.

Discours quelque part déculpabilisant pour nous enseignants, mais c’est la réalité, un apprentissage est plus efficace si le contexte émotif de l’apprenant est stable.

e)La motivation ou l’art de l’épreuve de la remise en question.

Difficile d’aborder cette notion de la motivation, je vais essayer.  Un individu aura beau voir un obstacle accessible, il faut un intérêt a le combattre. L’intérêt peut-être ludique ou celui de la reconnaissance (par la note ou plus simplement un retour évaluatif). Un enfant doit avoir une raison pour faire ce qu’on lui demande.

Il va de soi, qu’un environnement ludique est plus attrayant. Pourtant certains élèves le font sans qu’on leur fournisse cet intérêt.

Je crois que ces élèves sont actifs parce que leur enseignant leur a dit, donc ils se mettent dans une position de redevant face à l’enseignant, l’intérêt est donc de remplir la tâche car c’est leur devoir, un peu comme un roi demandera à son chevalier de combattre pour lui.

Pour d’autres, c’est un moyen de se tester, apte ou non à réussir cette épreuve. Cela va plus loin que l’acte ludique puisque cela provoque une mise en danger. Ce sont, par exemple, ces élèves timides qui prennent la parole subitement face au groupe. Il y a une recherche de limites chez certains élèves qu’il faut savoir exploiter pour créer cette motivation.

 

f)Conclusionblank

On a donc vu que la motivation est un sentiment qui s’acquiert lors de la rencontre d’obstacles suffisamment complexes  pour qu’il y ait du mérite et suffisamment simples pour que l’élève se sente capable de le combattre dans un contexte ludique ou de défi.

D’ailleurs c’est l’objectif des jeux dits « serious games« , ils génèrent la motivation chez l’apprenant par l’attrait ludique qu’il offre.

 

La motivation est donc essentielle pour que l’apprenant aille dans un processus positif (et donc actif)  d’apprentissage.

Voyons ce qu’est la créativité…

II.La créativité, sa définition.

a)La créativité n’est pas issu de rien.

L’histoire humaine repose sur sa capacité à s’adapter à son milieu par un processus créatif, dépassant ce qu’il connaît, pour aller au delà d’obstacles ou de contraintes. J’explique mon a propos, tout processus créatif repose sur un but :

« Changer ou détourner le connu pour en apprécier le profit que sa transformation apporte. »

La créativité donc repose sur le vécu de l’homme et seul celui-ci lui permet d’inventer.

Lavoisier disait : « Rien ne se crée, tout se transforme. » J’appliquerai ceci à la créativité dans le sens, où rien ne vient réellement de l’inconnu mais de l’expérience vécue.

D’ailleurs comment analysons-nous le réel inconnu que nous subissons (qui est opposé à la créativité car celle-ci ne se subit pas, elle prend essence dans la volonté de l’humain qui la porte)? Nous faisons des analogies de notre connu  pour évaluer l’inconnu.

Accepter qu’un élève soit créatif, c’est l’accepter dans son intégralité que ce soit son vécu et ses capacités.

b) De la motivation naît la créativité …

Pour être en posture de créer, il faut un projet, un objectif vers quoi tendre. L’apprenant doit donc avoir en tête la réussite d’un projet.

Ce qu’on peut appeler la créativité est l’originalité du chemin qu’il parcourt pour atteindre son objectif. Bien sûr, il y a des « chemins » classiques qui eux sont le seul fruit d’un apprentissage, ceux-là ne font pas appel à l’esprit créatif de l’individu mais seulement à un esprit de restitution.

On peut donc d’ailleurs se demander si dans notre enseignement nous laissons place réellement à la créativité, voyons nos « méthodes » sur lesquelles nos chers chérubins accourent pour solutionner des problèmes dits classiques. Elles annihilent toute création….

Il existe des projets permettant l’expression de la création, par exemple, les problèmes ouverts ou les problèmes d’estimations où la réponse n’est pas unique et où il existe de multiples solutions empruntant des axes complétement différents.

c) … et de la création naît la motivation.

Ces deux notions sont bien imbriquées, ce qui suggèrent d’ailleurs des situations de cercles vertueux ou vicieux dans le duo Motivation/Création.

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Pour préciser mon idée, je vais décrire ce qui se passerait si nous refusions constamment des solutions originales (qui sont correctes) à un élève. Force est de constater que celui-ci au bout d’un moment se résignera à ne restituer que le cours et d’appliquer seulement LA méthode de l’enseignant. Dans l’émotion qu’est la résignation, il n’y pas de motivation, et  on subit la solution.

Favoriser l’expression de la création permet donc la motivation : « ce que je crée peut-être bon, je sert à quelque chose, je suis utile. ».

La création permet de prendre confiance en soi, on peut imaginer, créer, faire quelque chose de correct et en cela elle pousse à aller plus loin : elle motive.

d) Conclusion

La création ne vit que dans des situations qui permettent son expression.  La créativité ne repose que sur les libertés que l’on donne aux élèves et l’acceptation des fruits de cette expérience par l’autorité que nous sommes. Il faut valider ces démarches.

Encourager ces démarches me semblent pertinents, bien sûr cela ne veut pas dire qu’il ne faut jamais donner des exemples et/ou méthodes, car comme on manierait un outil, on nous a montré comment l’utiliser en nous offrant un exemple (une méthode) et  « naturellement » nous l’utilisons ensuite à notre manière.

La méthode ou l’exemple donné par l’enseignant est donc fortement utile voir primordiale (donne l’utilité d’une notion vue en cours). Mais il ne faut surtout pas renier les chemins « déviants » qui sont corrects.

 

III La créativité, la motivation : des leviers pour l’apprentissage

 

Comme nous l’avons vu, de la motivation naît un apprentissage actif et donc efficace des notions. La créativité, elle, permet de prendre confiance en soi, un élève qui a confiance sera plus enclin à apprendre et/ou être actif dans le processus d’apprentissage.

Les renier, c’est renier le statut de l’élève comme un individu capable de faire SEUL et d’IMAGINER.

Un apprentissage n’est efficace que si l’élève est actif (créativité) et enclin (motivation) à apprendre.

 

 

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« Evaluer par compétences » = « Evaluer par Items ou objectifs » ?

Cela fait 5 ans, maintenant que j’ai entendu parler d’évaluation par compétences : « pas de note et plus de sens! » En travaillant sur un projet (mathix à l’époque qui est devenu scolatix.org) nous avions commis l’erreur de faire la confusion entre l’évaluation par items/objectifs et l’évaluation par compétences. Bien sûr dans la pratique, elles « fonctionnent » de manière quasi-identique. La différence se tient sur ce que l’on évalue. De ce que j’ai vu comme projet « Osiris, sacoche, scolatix, Gibix » ce sont des projets tournant autour de l’évaluation par Objectif (ou items mais je préfère parler d’objectifs). Maintenant intéressons-nous d’abord à ce qu’est une compétence.

I.Compétence : sa définition.

a) Une compétence n’est pas un objectif.

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Une compétence n’est pas un objectif car en soi elle ne peut pas être atteinte. Je m’explique, une compétence se développe tout le temps suivant les situations que nous rencontrons. De plus, elle est relative à la complexité des situations. Nous mobilisons la même compétence dans une tâche simple ou complexe, c’est d’ailleurs ce qui rend difficile son évaluation.

De plus penser atteindre une compétence, c’est penser que l’on a rencontré toutes les situations possibles où mobiliser cette compétence même les situations auxquelles justement on n’a pas pensé, et aussi être sûr  que l’on sera capable de la mobiliser à tous les coups, c’est absurde par définition.

b) Une compétence se développe en situation

blankIl n’y a pas de théorie, par exemple, la compétence liée à l’utilisation du vélo, ne s’apprend pas seulement en se disant : « j’appuie sur une pédale puis l’autre et je tourne le guidon pour garder l’équilibre » . Il faut donc des situations graduelles pour développer la compétence. Elle s’appuie sur les actions que l’on mène à travers les situations.

« C’est en forgeant qu’on devient forgeron ».

c) Une compétence ne peut pas se découper.

 

C’est une différence majeure avec les objectifs! Ces derniers peuvent se détailler par micro-objectifs qui mène au résultat.Il y a un chemin vers la finalité.

Dans une compétence, c’est plus complexe, il n’y a pas de linéarité dans l’acquisition progressive de celle-ci. En effet, par exemple, la compétence liée à l’usage de la voiture, on peut très bien d’abord savoir manœuvrer une voiture sans pourtant connaître le code de la route ou le fonctionnement de la voiture.

En plus, la découper pour obtenir « Savoir passer des vitesses » ?!!! Mais quelqu’un qui n’a conduit que sur des voitures à embrayage automatique ne sait-il pas conduire?

Bref la notion de compétence se rattache à un ensemble d’acquis, aucun n’est réellement obligatoire. Par exemple, quelqu’un qui sait tout faire sur une voiture, sauf la démarrer, dit-on qu’il sait utiliser une voiture? Je pencherais pour l’affirmation.

 

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On remarque qu’ici, tout d’abord la notion de compétences acquises s’appuie sur une appréciation subjective qui fait référence sans doute à notre expérience. En effet, je dirai, par exemple, que de ne pas savoir comment un moteur fonctionne n’est pas handicapant pour avoir la compétence car moi-même je ne le sais pas, et je pense bien conduire. Ce qui serait de même pour ceux dépassant les limites de vitesses….

d) Une compétence s’adapte à des situations différentes

Là, on voit que la conduite de voiture s’adapte à toutes les voitures automatiques ou non, à trois roues, au scooter…

Bref, l’usage d’une compétence est un ensemble d’acquis permettant d’appréhender la nouveauté. Il s’agit, en vérité, d’autonomie vis-à-vis d’une situation concrète que nos expériences permettent de gérer.

e) Une compétence n’est pas basée sur les faits passés mais sur ce que l’on peut faire dans l’avenir.

Élément plutôt parlant : Quand nous voyons sur un CV, les compétences sur les langues par exemple.

L’individu parle bien de ce qu’il peut faire et mettre à disposition de l’entreprise.

Parler d’une compétence qu’on ne peut pas utiliser dans le futur n’a pas de sens….

De plus,dans cette optique, une compétence s’acquiert sur le long terme.

f) Une compétence se (res)sent.

Difficile pour moi d’exprimer clairement cette idée, mais je vais essayer. Une compétence est dite acquise (si on peut parler de réelle acquisition comme on a vu en a)…), que si l’individu sait qu’il la possède. En effet, car cela veut dire qu’il est capable de la mobiliser en situation. Quelqu’un qui n’a pas conscience de cette compétence ne pourra donc pas la mobiliser. Il faut donc développer cette conscience pour que l’individu la confronte à ses expériences et puisse la développer.

L’enrichissement par l’expérience ne peut exister que si l’on a conscience de la compétence que l’on travaille.

II. Objectif : sa définition

a) Un objectif : une action vers un apprentissage

Un objectif est un but à atteindre, il y a donc une notion de cheminement, puis de complétude. La complétude mène à une satisfaction, satisfaction que l’on ne peut pas avoir en parlant de compétence. De plus un objectif est précis, et par conséquent, on « voit » le trajet qui mène à sa validation.

Enfin, cette validation se concrétise par des situations, le jugement, que l’on a, porte sur les faits et non sur l’avenir ou la potentialité qu’a l’apprenant à pouvoir réutiliser son savoir.

b) Une situation plus précise, qui peut rester générale : compétencialité d’un objectif.

Bien sûr un objectif peut être généralisé, ce qui d’ailleurs me tendrait parfois à parler de « compétencialité » de l’objectif. En effet, facile de rendre général un objectif. « Savoir utiliser le théorème de Pythagore dans toutes situations ».

On pourrait croire qu’ici c’est une compétence! Bien sûr, hors contexte, c’est impossible de différencier les deux.

La nuance réside, justement si on parle de cet intitulé comme compétence ou objectif. Si c’est un objectif, tant que les faits sont là, l’objectif est atteint. Alors qu’en tant que compétence, il faudra se poser la question si l’apprenant est dans une posture où il saura faire appel à cette compétence dans l’avenir.

c) Un objectif : on l’a atteint ou on ne l’a pas atteint, on se base sur les faits.

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Comme on l’a deviné dans les précédents points, l’objectif s’atteint et n’a de valeurs que sur des faits concrets.Il n’y a pas de prévisions à faire. On pourrait croire qu’il est plus simple de juger si l’objectif est atteint ou non, mais comme la plupart des objectifs que nous donnons, nous les évaluons dans des tâches complexes, il n’en reste pas moins que cela est difficile.

 

III . Évaluer par compétences : pas si simple!

Comme on l’a vu faire la différence entre compétence et objectif reste ardu.

Évaluer par compétences est extrêmement difficile, et repose uniquement sur de nombreuses mises en situation qui permettent de mettre au jour des compétences acquises (toujours si on peut parler d’acquisition).

De plus, il est plus simple d’affirmer qu’un enfant possède une compétence que de dire qu’il ne la possède pas.

Posez-vous la question si votre mère sait calculer avec des nombres…. Essayez de réellement trancher la question de manière sûre!

 

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